La frontière délicate entre la vie privée et la sphère publique revêt une importance particulière en Guinée, où les traditions dictent le respect envers le chef, la femme et le notable. Cette réflexion complexe s’inscrit dans un contexte culturel où l’équilibre entre l’exposition nécessaire et le respect des valeurs traditionnelles est essentiel. La responsabilité des médias et des journalistes dans ce dialogue délicat ajoute une dimension cruciale.

Le défi de l’exposition publique en Guinée

Les personnalités publiques en Guinée, qu’elles soient des leaders politiques ou des artistes, sont souvent soumises à une exposition médiatique intense. Cependant, dans ce contexte, le défi réside dans la nécessité de concilier cette exposition avec le profond respect dû aux chefs traditionnels, aux femmes et aux notables. La préservation de ces valeurs tout en informant le public devient donc une équation délicate.

La vie privée en péril et la protection des valeurs traditionnelles

L’intrusion injuste dans la vie privée, accompagnée du risque d’injure, représente une menace directe pour les valeurs traditionnelles guinéennes. La divulgation imprudente d’informations personnelles peut non seulement ternir la réputation individuelle, mais également porter atteinte à la cohésion sociale en violant les principes de respect envers les figures emblématiques de la société.

L‘injustice de l’intrusion, les conséquences culturelles et la responsabilité des médias

Lorsque l’intrusion injuste s’insinue, les conséquences culturelles deviennent plus prégnantes en Guinée. Les attaques verbales peuvent non seulement blesser individuellement, mais aussi ébranler les fondements mêmes du respect traditionnel envers les personnes et les familles. Ne l’oublions jamais, chez nous, toute offense portée contre une personne l’est également contre les siens. La nécessité donc de protéger ces valeurs devient alors cruciale dans la préservation de l’équilibre socioculturel.

Dans ce contexte, la responsabilité des médias et des journalistes est primordiale. Il incombe à ces acteurs de l’information de traiter les sujets délicats avec discernement, en évitant toute intrusion injuste dans la vie privée et en veillant à ne pas propager l’injure.

J’entends l’injure au sens juridique du terme, donc ayant une sanction du point de vue légal, qui la considère comme une expression offensante, dégradante ou blessante envers une personne. C’est une atteinte à la dignité de la personne visée, traitée comme un délit pénal. La loi pénale cherche ainsi à protéger la réputation et le bien-être émotionnel des individus.

Les médias ont un rôle clé dans la préservation des valeurs culturelles en agissant comme gardiens responsables de l’information.

Vers une transparence respectueuse des traditions et une responsabilité médiatique

La promotion d’une transparence responsable en Guinée implique le respect profond non seulement de nos traditions, mais aussi et surtout de l’éthique et la déontologie de la profession de journaliste et assimilées. Il est impératif que les médias et le public considèrent attentivement les implications culturelles de l’exposition médiatique et de l’intrusion injuste. Encourager un dialogue respectueux tout en luttant contre l’injure devient ainsi essentiel pour préserver l’harmonie et la dignité individuelle au sein de notre société.

En intégrant la responsabilité médiatique dans cette réflexion, nous aspirons à une pratique journalistique éthique qui honore les traditions guinéennes tout en informant de manière responsable. La démocratie ne jette nullement en pâture le Chef, la femme et le notable. En naviguant avec précaution dans ce contexte unique, la société guinéenne peut aspirer à une transparence respectueuse qui honore ses valeurs tout en progressant vers un avenir éthique et équilibré.

Mohamed MARA