Après 48 jours d’audience, au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’appel de Conakry, les accusés ont fini de donner leur version des faits dans cette affaire. Ce mardi 14 février 2023, l’audience a continué avec Oury Baïlo bah de la partie civile.

Pendant 48 jours, les accusés : Cécé Raphaël Haba, Claude Pivi, Moussa Thiégboro Camara, Ibrahima Sory Camara dit Kalonzo, Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba, Blaise Goumou, Moussa Dadis Camara, Mamadou Aliou Keita, Abdoulaye Cherif DIABY, Paul Mansa Guilavogui et Marcel Guilavogui ont tenté de persuader le tribunal de leur innocence dans cette affaire.

Au départ, ils étaient au nombre de 13 dans la liste des accusés, mais l’un est décédé (général Mamadouba Toto Camara) et l’autre (Alpha Amadou Baldé) avait été libéré depuis 2011. Parmi eux, neuf (9) sont accusés de meurtres, d’assassinats, de viol, de pillages, de vol à main armée, de coups et blessures volontaires, d’outrage à agent de la force publique, de torture, d’enlèvement, de séquestration, de non-assistance de personnes en dangers, de violences sexuelles, d’attentats à la pudeur, de détention illégal de matériels militaire et complicité de ces infractions.

Le capitaine Moussa Dadis Camara, l’ex-chef de la junte de 2009 et son ministre de la santé Abdoulaye Chérif Diaby sont accusés de complicité dans cette affaire de massacres de plus de 150 personnes au stade de Conakry.

Aujourd’hui, Oury Baïlo Bah qui a perdu son frère Elhadj Hassane Bah au stade, est à la barre. Il explique comment il a perdu le contact avec son frère le 28 septembre 2009.

« Le 28 septembre 2009, aux environs de 9 heures, c’est moi qui l’ai appelé, parce que je savais qu’il y avait cette manifestation. Il n’avait pas l’habitude d’aller, donc j’ai appelé pour connaître sa position. Il m’a dit qu’il était là dans l’attente de son ami. Quand la foule est arrivée à son niveau, il a suivi pour aller au stade…

Je l’ai appelé à nouveau pour dire où en est-il ? Il m’a dit qu’il est aux alentours de l’esplanade du stade, et qu’il y avait une foule énorme-là et des gendarmes. Ils se regardaient en face. Un instant après, c’est lui qui m’a appelé, pour me dire que les gendarmes ont lancé du gaz, mais il y a eu la pluie. Les gens se sont dispersés. Les gens sont rentrés dans les quartiers Landréyah et Dixinn à cause d’une forte pluie mais qui n’avait pas durée.

Les gens sont revenus. Là, il m’a informé que les gendarmes ont tiré et il y a eu deux morts. Deux personnes sont mortes m’a-t-il dit, en présence du colonel Thiégboro et ses hommes ».

Selon Oury Bailo Bah, c’est après ce drame que les tractations ont commencé entre le colonel Thiégboro Camara et les leaders politiques. Puis les manifestants et les gendarmes se sont dirigés vers le portail du stade. Les manifestants sont rentrés dans l’enceinte du stade. C’est ce que son frère lui rapportait à chaque instant.

« Vers midi il m’a appelé pour me dire ils sont rentrés, les bérets rouges sont rentrés. Ils tirent et j’entendais au téléphone le crépitement de balle. J’entendais les cris des gens et j’entendais son essoufflement. Il courait aussi. Je l’ai demandé de tout faire pour sauver sa peau. Il dit ce que je suis en train de faire. Je dis alors ne raccroche pas là…

Puis, je ne sais pas si c’est le téléphone qui est tombé, mais le téléphone marchait, mais je l’entendais plus. J’entendais le bruit des pas, mais lui ne répondait plus. Depuis, je n’ai plus eu de contact avec lui », a expliqué Oury Bailo Bah devant le tribunal en sanglot.

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