La Guinée entretient ce qui semble être un bras de fer avec une société minière russe opérant sur place. Selon nos confrères de Africa intelligence, les autorités guinéennes sont dans une procédure judiciaire avec la société Nordgold sur le règlement d’une créance datant de 2006 et portant sur la cession des actions de l’Etat dans la Société minière de Dinguiraye.

Le dossier judiciaire se joue entre la Norvège, la Guinée et Moscou et la Guinée entend récupérer des dizaines de millions de dollars auprès du groupe russe Nordgold et de sa filiale la Société minière de Dinguiraye (SMD), contrôlés par le milliardaire russe Alexeï Mordashov, ciblé en juin 2022 par des sanctions américaines (AI du 23/09/22), explique le magazine. Ces derniers mois, l’avocat de l’Etat guinéen, Christian S. Gjerstrøm, s’est lancé dans une offensive judiciaire contre l’oligarque, à qui il réclame le versement de plus de 200 millions de dollars au Trésor public.

Africa intelligence ajoute que le conseil norvégien du cabinet EIE Advokat s’appuie sur le contrat de vente des 15 % de parts de l’Etat guinéen dans la SMD, opérateur de la mine de Lefa, scellé en juin 2006 entre Conakry et une société de l’homme d’affaires norvégien Trygve Kroepelien, Delta Gold Mining (DGM). Cette dernière était alors contrôlée par Kenor AS, elle-même détenue par le canadien Crew Gold Corp, le propriétaire de la mine guinéenne à l’époque. Nordgold (anciennement Severstal) avait racheté 100 % des parts de la SMD à Crew Gold en 2010. Selon l’avocat norvégien de la Guinée, la SMD – et son actionnaire principal Mordashov – auraient par conséquent hérité de cette dette, ce que le groupe russe conteste formellement.

Une source proche de la direction de Nordgold à Conakry affirme à Africa Intelligence que la société aurifère, pilotée jusqu’à juin 2022 par Nikolai Zelenski, a signé en 2018, sous le régime d’Alpha Condé, un avenant avec Conakry annulant les précédents accords, restituant les 15 % d’actions à l’Etat, et prolongeant de quinze ans le permis d’exploitation du groupe russe à Lefa. Sur son site internet, Nordgold affirme d’ailleurs ne détenir actuellement que 85 % des parts de la SMD, tandis que l’Etat disposerait des 15 % restants.