King Détruit, l’artiste au style inimitable, enflamme les quartiers populaires de Conakry. Quelle que soit la valeur des habits que tu portes, «tu es beau, sois-fier de ce que tu es», dit en langue locale Ibothekhi, son premier hit qui cumule depuis 2019 plusieurs dizaines de milliers de vues en ligne. Carol Valade a rencontré l’ambianceur de choc, avant son premier grand concert ce samedi 27 mars.
Chaussettes à motifs, baskets fluo, peignoir fuchsia, serviette autour de la taille… Et Facinet Camara, timide jeune homme de 22 ans, devient l’ambianceur de choc King Détruit. En soussou, sa langue maternelle, celui qui « détruit » c’est celui qui « met l’ambiance ». Il a « tout détruit » pour dire il a « tout déchiré » à commencer par les codes vestimentaires.
«Il faut être fier de ce que tu es et aussi d’où tu viens. Vous voyez, c’est un quartier pauvre ici. Je tourne toujours mes clips dans le quartier pour montrer la réalité, d’où je viens. Ma musique vient d’ici et je veux montrer aux gens comment je vis», explique le chanteur.
Touche finale de son costume : le rasage de sa tonsure, décolorée sur les côtés. Détruire les barrières sociales, l’idée lui vient en regardant passer les 4×4 des nouveaux riches de la capitale. «Peu importe la valeur de tes vêtements.. au fond, on est tous les mêmes», dit la chanson.
King Détruit se définit comme un « enfant de pauvres ». Séparé à 11 ans de ses parents qui n’ont pas les moyens de l’éduquer, il se retrouve à la rue et dort dans un cabanon en taule avant d’être recueilli par sa grand-mère. Il raconte ces moments de sa vie : «J’ai nettoyé les caniveaux, j’ai cassé des cailloux, j’ai lavé les voitures, j’ai vendu des chaussures. C’est cette expérience qui m’a donné la force qu’on retrouve dans ma musique.»

En 2019, sa chansonIbotekhicrée le buzz avec des dizaines de milliers de vues. Il décroche un concert au Palais du peuple et continue de mobiliser ses troupes. Haut-parleur et micro sans fil, suivi, tel un joueur de flûte, par des dizaines d’enfants du quartier.

Avec RFI