Depuis l’indépendance de la Guinée, il y a 63 ans, notre pays a connu des régimes marqués par une concentration totale du pouvoir dans les mains d’une seule personne qui nomme à sa seule discrétion à tous les postes essentiels de l’administration, des régies financières et de toutes les entreprises publiques et para- publiques du pays. C’est le président de la République qui nomme à sa seule discrétion du Premier ministre au préfet, c’est lui qui valide le choix de l’ensemble de ceux qui doivent diriger les institutions républicaines par des décrets de promulgation.
L’histoire a prouvé que cette façon de gérer le pays favorise des dérapages qui nous ont toujours conduit à des situations catastrophiques et ont mis à rude épreuve la démocratie et le développement du pays qui soit fait du sur place soit reculé.
Ce modèle de gestion du pays à toujours favorisé la récupération de celui qu’on appelle Président de la République, par des lobbys qui ne jouent qu’à leurs intérêts personnels, égoïstes, ethniques et régionalistes au détriment de la majorité de la population.
Et puisque ce président de la République concentre dans ses mains l’ensemble des pouvoirs politiques et économiques tout est du coup récupérés pour le bonheur de quelques familles, laissant la majorité de la population dans la misère.
Ainsi de 1958 à 1984, notre pays qui s’appelait République Démocratique de Guinée, dirigé par le PDG (Parti Démocratique de Guinée), n’a rien connu de démocratique. Ce fut plutôt une dictature pure et dure qui a décimé selon les organisations de défense de droit de l’homme, plus de 50. 000 personnes dont beaucoup étaient des cadres qui n’ont pas pu mettre leurs compétences au service du pays.
Ce régime avait enfermé le pays dans un système totalitaire menée principalement par le président, sa famille et celle de sa femmes avec autour des démagogues hors pair qui étaient allés jusqu’à faire croire au responsable Suprême de la révolution, son immortalité. La coopération avec les pays qui pouvait accompagner le véritable développement était foulée au sol et le pays n’a pas avancé. En 1984 avec l’avènement des militaires au pouvoir, un espoir est né avec l’ouverture du pays et la liberté que ceux -là avaient prônée.
Des libertés ont été obtenues mais il s’est rapidement installé un pouvoir centralisé avec un libéralisme sauvage, une corruption endémique soutenue par l’impunité le tout concourant au pillage systématique des ressources du pays par une minorité au détriment de la majorité. La démocratie instaurée par ce régime en 1992, a seulement permis au président militaire depuis 1984, de se maintenir jusqu’à sa mort par des fraudes électorales accompagnées d’usage de la force militaire avec à la clef le changement de la constitution pour un troisième mandat illégal.
Ce régime également a fait de nombreuses victimes surtout entre 2006 et 2008 et n’a pratiquement que très peu fait pour le développement du pays. Avec le coup d’Etat militaire de Novembre 2008 suite à la mort du deuxième président du pays, une junte militaire euphorique s’est installée. Elle a promis monts et merveilles avant de commettre les massacres du 28 Septembre 2009 et sombrer en fin de la même année pour conduire le pays à une transition qui a accouché, après de nombreuses combines, le régime qui vient de s’effondrer le 5 Septembre 2021.
Ce régime porté par un parti politique qui s’appelle « Rassemblement du Peuple de Guinée » (RPG) qui a fait exactement le contraire de sa signification car il s’est largement attelé durant son règne, à détruire le tissu social dans le pays en mettant dos à dos les différentes communautés qui vivaient harmonieusement ensemble. Il a fait créer de nombreuses coordinations et d’associations de divisions telles que le « mandendjalo » regroupant les ethnies d’origine mandingue dans la région de la Moyenne Guinée, l’association des « roundés » composée de villages d’anciens villages d’esclaves.
Dans les trois autres régions naturelles (Haute Guinée, Guinée Forestière et Basse Guinée les agissements du Régime RPG ont conduit à la naissance de plusieurs coordinations opposées les unes aux autres. Ce régime totalement dominé par des lobbys à relent souvent ethniques a fait de l’ethnocentrisme, du régionalisme, de la corruption, du zèle politique, de la promotion de l’incompétence, de la médiocrité et de l’impunité ses piliers de gouvernance.
Mamadou Saïdou Diallo
Ancien secrétaire général du Ministère de l’énergie et de l’hydraulique,
Vice-président et porte parole de la CNFHG