En recevant hier au palais Sékhoutouréya, le vice-président malien de la transition Assimi Goita, le chef de l’Etat guinéen a fait le point de la situation sécuritaire au Mali, pays en proie au jihadisme. Pour Alpha Condé, les choses se sont davantage compliquées depuis la rentrée de Amadou Koufa [jihadiste] au Mali parce que, dit-il, ce sont maintenant les populations autochtones elles-mêmes qui se battent. « Comment on peut imaginer que les Dogons et les Peuls qui ont vécu des siècles ensemble s’entretuent ? », se demande-t-il. Extraits…
“Le président Sékou Touré avait dit que la Guinée et le Mali sont deux poumons d’un même corps. Tout ce qui concerne le Mali nous concerne, nous ne sommes pas des hommes du désert mais nous sommes à Kidal depuis 2014. (…) J’ai dit au président Hollande que 60 ans après l’indépendance c’est une honte qu’on soit incapable de nous défendre. Si Hollande n’était pas intervenu, on aurait eu le terrorisme partout. Evidemment dans beaucoup de pays, les populations ne comprennent pas la présence de l’armée française. Elles critiquent. Il revient aux dirigeants d’expliquer, non pas de dire que les gens qui manifestent contre l’armée française sont des terroristes. La situation du Mali est très complexe. Comme je l’ai dit, nous n‘avons rien contre Touregs, ils sont des Maliens comme les autres. Mais nous sommes contre les gens qui prennent les armes. La situation au Mali est compliquée. Quand Amadou Kouffa est rentré… En Guinée, moi je peux empêcher un Touareg de rentrer, parce que c’est facile, mais comment je peux empêcher un Peul ou un Bambara de rentrer ? Ce qui complique la situation aujourd’hui, c’est que ce sont les populations autochtones elles-mêmes qui se battent. Comment on peut imaginer que les Dogons et les Peuls qui ont vécu des siècles ensemble s’entretuent ? Ou que les Mossis et les Peuls…Nous devons sérieusement y réfléchir et que les Africains prennent leur responsabilité…”
Mediaguinee