Lors de l’audience accordée au chef de file de l’opposition et à son cabinet, ce mardi au palais Sèkhoutouréyah, dans le cadre d’une décrispation de l’atmosphère politique, le président a invité ses opposants à oublier le passé. Faire tabula rasa du passé serait synonyme de ne surtout pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
L’honorable Mamadou Sylla, qui se plaît dans la posture de chef de file de l’opposition guinéenne, a profité de cette audience présidentielle pour passer la brosse à reliure à Alpha Condé. Qualifiant sa réélection de large victoire, avec un score fleuve. Preuve pour lui, qu’il n’y a donc rien à redire face à cette réalité. D’autant que les institutions républicaines ont validé cette victoire, sans coup férir. Dans la foulée, le chef de file de l’opposition a qualifié sa visite au palais comme un acte républicain, en compagnie de leaders républicains, tous animés par le souci de rassemblement et d’unité nationale. Son cabinet a d’ailleurs saisi l’opportunité pour déposer un mémorandum au chef de l’État, en guise de contribution pour une sortie de crise.
Alpha dans sa réponse à ses hôtes, a prêché la paix et l’unité nationale. Tout en flétrissant la politique politicienne et ses dérives. Comme s’il goûtait peu au clientélisme politique, dont il fut pourtant, depuis 2010, l’un des chantres. Signe des temps, le président s’est même vanté d’avoir une vision noble de la politique. Vertu qu’il aurait héritée de son parcours. Pour le président, la politique ce n’est nullement « mentir ou rouler » ses adversaires. Mais c’est plutôt de privilégier les débats d’idées. D’où son invite aux opposants à oublier le passé et à s’inscrire résolument dans une perspective d’avenir. En mettant l’accent sur le dialogue dont une feuille de route sera bientôt déroulée par le Premier ministre.
Le président a, à plusieurs reprises, fait référence à Mao Tsé-toung, fondateur de la république populaire de Chine, sans le citer nommément. Quand il parle en effet des « cent fleurs » qui s’épanouissent, c’est en référence à la campagne des « cent fleurs », initiée par Mao en 1956. Dont le but était de permettre la liberté d’expression. L’appel d’air avait été crée par la déstalinisation en Union Soviétique. Saisissant cette occasion, les intellectuels, artistes et autres scientifiques chinois s’en étaient donné à cœur joie dans l’expression publique de leurs critiques à l’endroit de la gouvernance. Mais la joie ne fut que de courte durée, car le gouvernement communiste de peur que cela ne provoque sans doute des soulèvements populaires, voire une révolution, décida de serrer de nouveau la vis.
Espérons qu’une telle chape de plomb ne s’abatte pas sur les Guinéens.
Mamadou Dian Baldé