Le journalisme est un métier comme tout autre dont la pratique obéit à un certain nombre de principes. Son objectif essentiel est de fournir au citoyen des informations exactes et fiables dont il a besoin pour fonctionner dans la société libre où il vit. A la différence du propagandiste ou de l’échotier, le journaliste effectue un tri dans l’information disponible pour en dégager les éléments valables et fiables avant de les publier. Toute information, qu’il s’agisse d’actualité immédiate ou magazine, doit être exacte. Le journaliste s’efforce d’être impartial et exhaustif. Il s’efforce de relater un fait de manière exacte et authentique, c’est-à-dire qui reflète la réalité et non sa vision personnelle des choses ou celle de quiconque. La première obligation du journalisme est d’être au service de la vérité, l’essence du journalisme réside dans l’exigence de la vérification. Les journalistes doivent rester indépendants des personnes ou entités dont ils parlent. Ces principes élémentaires du journalisme doivent en principe caractériser tout le travail du journaliste.

En Guinée, depuis l’avènement des émissions de débat (talkshow), force est de constater qu’il y a beaucoup de dérapage dans les commentaires et dans la façon dont les sujets sensibles sont traités dans les médias. Les principes sacro-saints du journalisme susmentionnés sont foulés au sol par certains de nos confrères. L’impartialité, la neutralité et la vérification de l’information ne sont plus la règle d’or chez eux. La mission principale même du journalisme qui consiste à informer, à sensibiliser et à éduquer les citoyens n’est plus observée dans les démarches par ignorance des principes du métier ou par passion excessive de certains dans les commentaires. A entendre certains journalistes dans les émissions et à lire certains articles de presse on aura l’impression que c’est un acteur politique ou un militant qui parle. Il y a toujours une dose de militantisme dans les propos et dans les écrits. Cela n’est de secret pour personne, il faut juste lire certains articles de presse et écouter les émissions interactives et de débats pour s’en rendre compte. Pire, certains journalistes sont devenus des spécialistes de tous les domaines, ils sont à la fois juristes, avocats, médecins, économistes, même jugent comme si les médias sont des tribunaux où on juge les gens. Ce n’est pas le rôle du journaliste de rendre des verdicts dans les dossiers judiciaires, il n’est ni médecin légiste pour déterminer les causes de la mort de quelqu’un dans les manifestations. Le journaliste n’a pas le monopole de la vérité. Un journaliste professionnel c’est celui-là qui traite l’information avec responsabilité sans partie prise avant de la diffuser. Il n’a pas pour vocation de donner raison à quelqu’un ni de lui dire qu’il a tort.

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En cette période de transition très sensible de la vie de la nation guinéenne, il faut reconnaître que certains journalistes ont choisi leur camp en laissant de côté l’intérêt général. Ils ont pris position, en lieu et place de la raison sensée de guider nos réflexions, c’est le cœur qui parle. La passion, le militantisme et surtout la volonté de nuire ont pris le devant dans les médias, oubliant que dans la période de crise, les médias jouent un rôle important dans la société en terme d’éducation des citoyens.

Face à ce regain de militantisme, de manquements graves et des règlements de compte par endroit dans la presse, la Haute Autorité de la Communication a le droit de prendre sa responsabilité en toute indépendance pour rétablir l’ordre. Ce, conformément à la loi L002 portant liberté de la presse dans ses articles 39, 40.

Article 39 alinéa 1, La Haute Autorité de la Communication exerce à l’égard des médias du service public, privé et communautaire un droit de contrôle général. Article 40: La Haute Autorité de la Communication peut, lorsque les dispositions de la loi en matière de communication ne sont pas respectées, prendre les mesures suivantes :

– Avertissement :

– Mise en demeure ;

-Suspension;

-Retrait définitif.

Au vue de ces dispositions, la HAC en tant qu’organe de régulation des médias et de contrôle de l’exercice du métier à l’obligation de stopper ce comportement afin d’éviter à la Guinée de sombrer dans le chao par le fait des médias. Une fois qu’un journaliste est sanctionné, la loi lui donne la possibilité de faire recours à la Cour Suprême comme stipule l’article 41 de la L002. La décision de suspension et de retrait définitif de l’autorisation sont susceptibles de recours devant la Cour Suprême.

En principe c’est cette loi qui doit être la boussole qui oriente tous les professionnels de médias (journalistes, Animateurs, Chroniqueurs, Techniciens…) Mais hélas, la méconnaissance de ce texte est aujourd’hui un autre facteur de la conduite inappropriée de certains journalistes. Alors au lieu de s’acharner contre la décision de la HAC, pourquoi ne pas l’attaquer devant la Cour Suprême ? Je trouve incongrue les réactions de certains confrères qui pensent que la HAC veut museler la presse. Être journaliste ne veut pas dire qu’on est au-dessus de la loi. D’ailleurs c’est honteux que les défenseurs des droits ne puissent pas connaître les textes qui régissent leur métier. Remettons-nous en cause en travaillant de façon professionnelle pour éviter des sections que de s’acharner contre la Haute Autorité de la Communication qui est bel et bien dans son rôle régalien que la loi lui a conféré.

 

Facinet Camara Journaliste