L’une des stratégies de l’opposition pour empêcher la fraude lors de la prochaine élection présidentielle est de faire en sorte qu’elle soit représentée au niveau de tous les bureaux de vote du pays, surtout dans les zones réputées favorables au pouvoir. Ce qui est une bonne chose.
D’après, certains acteurs de l’opposition, il est prévu de dégager d’importants moyens pour qu’au niveau de chaque bureau de vote, il y ait un représentant de chaque parti d’opposition engagé dans le scrutin du 18 octobre. Mais cette stratégie risque de rencontrer d’énormes difficultés dans les fiefs électoraux du parti au pouvoir. En effet, on apprend depuis quelques jours que des éléments se réclamant de ce parti s’en prennent à des militants supposés appartenir au principal parti de l’opposition. Ils détruisent le matériel de campagne de cette formation politique et mettent à sac les baraques peintes à ses couleurs. Cela se déroule sous le regard complice en tout cas indifférent, des forces de sécurité dont la mission primordiale est pourtant de veiller à la sécurité des personnes et de leurs biens.
Dans un tel climat de violence et d’hostilité envers les militants de l’opposition dans ces zones avec des agresseurs assurés d’être « protégés », comment un représentant d’un parti politique de l’opposition oserait s’y aventurer? En tout cas, les risques d’agressions verbales voire physiques contre ceux qui seront représentants des partis politiques de l’opposition doivent être pris en compte par ces derniers. Les actes d’intimidation ne manqueront sûrement pas.
Le but visé sera d’empêcher que les opposants puissent avoir un œil sur ce qui se passe dans les bureaux de vote, particulièrement au moment du dépouillement. C’est en effet l’un des moments les plus propices à la fraude.
Si les candidats de l’opposition parvenaient à se faire représenter au niveau de l’ensemble des bureaux de vote en s’appuyant sur des hommes et femmes suffisamment courageux et prêts à affronter d’éventuelles attaques, ils réussiraient à minimiser les fraudes à défaut de les faire disparaitre totalement. En la matière, le risque zéro n’existe pas.
En d’autres termes, si tous les onze candidats mettaient en commun leurs efforts pour une synergie d’action, ils pourraient relever le défi du maillage du territoire en terme de représentation dans les bureaux de vote. Mais, malheureusement, les dissensions sont nombreuses entre eux. Et les intérêts ne sont pas forcément les mêmes. Et c’est de ses dissensions que profite très souvent le pouvoir. Sinon, la lutte pour l’alternance devrait être le dénominateur commun de tous les candidats qui se présentent contre celui du pouvoir.
Mais lorsqu’on sait que certains sont candidats juste pour marchander plus tard un ralliement au candidat du pouvoir afin d’obtenir quelques avantages, il ne faut pas espérer voir une quelconque mise en commun des moyens. C’est le chacun pour soi, Dieu pour tous et ce, malgré les apparences. Il y en a qui préféraient voir l’actuel Président réélu au détriment d’un entre eux dès lors qu’ils sont convaincus que la chance n’est pas de leur côté. « si ce n’est pas moi, je préfère Alpha Condé ». Voilà ce qui pourrait être la position de certains. C’est l’un des problèmes majeurs de l’opposition politique en Guinée.
Par Maître Traoré Avocat