Depuis la chute inattendue d’Alpha Condé, les Guinéens appellent de tous leurs vœux à un changement. Lequel passe selon nombre d’entre eux par la mise à l’écart de tous les anciens dignitaires. Et plus particulièrement ceux qui ont fait la promotion du 3ème mandat. Et en nommant au poste de Premier ministre un homme qui n’a jamais été associé à la gestion du pays, le tombeur d’Alpha Condé semble avoir entendu le cri de cœur de ceux qui ne veulent pas entendre parler de recyclage.
Le choix porté sur Mohamed Béavogui au détriment d’autres comme Kalifa Gassama Diaby, qui avait pourtant la faveur d’une grande partie de l’opinion publique, est la preuve que le nouveau chef de l’Etat veut opérer une rupture totale avec le passé. Sachant qu’un ancien ministre, même si, à un moment ou à un autre, il est monté au créneau pour dénoncer le système auquel il appartenait, reste tout de même un ancien ministre. Il ne saurait être blanc comme neige.
Mais, pour atteindre l’objectif, il ne s’agirait pas de s’arrêter à l’exclusion des seuls anciens membres du gouvernement. Il s’agirait plutôt d’assainir l’administration publique. Car, s’il est vrai que l’exemple vient d’en haut et l’imitation d’en bas, il est tout aussi vrai que certains petits fonctionnaires sont plus nuisibles que les ministres décriés. On se souvient que la toute première personne qui a jeté un pavé dans la marre, en proposant à Alpha Condé de modifier la constitution n’est pas un ministre. C’est un Directeur de la police. Pourquoi le FNDC occulterait cela ? Ne dit-on pas qu’il ne faut jamais oublier là où on s’est battu pour se souvenir de là où on est tombé ?
C’est aussi un simple fonctionnaire qui avait dit que si Alpha Condé était battu aux urnes il allait se suicider. Filan Traoré, qui avait fait cette promesse, serait toujours en vie. Alors que si son champion avait été battu dans les urnes, il devait partir avec tous les honneurs. Là où il est battu par les armes et aucune mouche n’a bougé. Si personne ne peut nous convaincre que l’ancien président est allé dans cette aventure de troisième mandat contre sa volonté, on peut tout de même penser que la prise de position de ses thuriféraires en faveur du changement de la constitution pour le troisième mandat a galvanisé le vieil homme.
En outre, le fameux audio du procureur de la République auprès du tribunal de première instance de Dixinn atteste, s’il en était besoin, que les hauts perchés ont bénéficié de l’apport de ces petits fonctionnaires dont l’éthique et la déontologie sont le cadet des soucis. Curieusement et pendant que l’ancien ministre de la justice, qui serait celui qui a mis la pression sur le magistrat, est mis au chômage, le procureur, et d’autres comme lui, continuent d’exercer ses activités professionnelles.
Or, le changement promis par le nouvel homme fort de la Guinée passe par l’identification et la mise à l’écart de tous ces petits commis de l’Etat prêts à jouer le sale boulot. Et, c’est là que se joue la réussite ou l’échec de la nouvelle transition. Et plus loin, la démocratie qui bat de l’aile. Déjà, ces spécialistes de retournement de veste ont investi le palais. À l’exception de gros poissons connus de tous, les autres cadres indélicats s’activent à se refaire une place au soleil.
Mais, le CNRD dispose au moins d’un document de référence. En l’occurrence la liste de toutes les personnes qui ont soutenu le changement constitutionnel. Les nouvelles autorités doivent se servir de cette liste pour que les personnes nommément citées par le FNDC comprennent qu’elles ont comploté contre le peuple de Guinée. Et par conséquent, elles devront s’abstenir et pendant longtemps de parler et d’agir au nom de la Guinée.
Habib Yembering Diallo