Kaba Mamadi, Consultant, spécialiste en Digitalisation/NTIC/TELECOM : Avec le potentiel des télécommunications en Guinée, une prévision de 1073 milliards de francs guinéens est peu. Il est possible de doubler cette prévision avec de la volonté et de la transparence dans le recouvrement des recettes.

Le paradoxe est que le secteur a été incapable d’atteindre mêmes les objectifs liés à ces recettes en 2020. Lors de la dernière session budgétaire, le Ministère des postes et télécommunications avait présenté une recette de 734 milliards GNF ; soit 183,5 milliards par trimestre. A préciser que ces recettes proviennent principalement de la Guilab SA, les fournisseurs d’accès à internet, de la TARTEL (Taxe sur l’accès des réseaux téléphoniques) et autres redevances téléphoniques.

Pourtant, le revenu annuel du secteur dépasse de loin les 7 000 milliards GNF, nonobstant le revenu issu des services Mobile Money. Malgré cet énorme flux, pourquoi les gestionnaires du secteur ont-ils été incapables d’atteindre la prévision budgétaire de l’année ?

A mon avis, cette problématique est le fruit de la gestion opaque des ressources financières du secteur, l’absence d’instances de supervision et l’incapacité du pouvoir législatif à assumer son rôle de contrôleur des actions gouvernementales.

En faisant une étude analytique du tableau des dépouillements de la direction nationale des impôts des services MoMo de MTN et Orange Money, ainsi que des données issues du rapport trimestriel de l’avant dernier trimestre 2020 de l’ARTPT, une incohérence totale existe entre les revenus déclarés aux impôts et ceux déclarés à l’autorité de régulation. Le Montant déclaré à l’ARPT dépasse de loin celui déclaré à la Direction des impôts. Il est clair que l’ensemble du flux généré par cette nouvelle innovation est loin d’être maitrisé par la direction nationale des impôts et l’autorité de régulation des postes et Télécommunications.

Aujourd’hui, les services liés aux Mobiles Money étant la mine d’or du secteur, je conseille vivement la mise en place d’une autorité de supervision par l’Etat, afin de permettre une amélioration des recettes dudit secteur. Plus de redevances pourront être collectées par l’autorité de régulation si elle luttait contre la corruption sur les redevances et indemnités que doivent payer les opérateurs du secteur à l’Etat.

Le conseil National des télécommunications faisant office de conseil d’administration à l’ARPT doit amplement assumer sa responsabilité qui est de contrôler et statuer sur toutes les décisions et actions de ladite autorité. Reconnaître l’existence des problèmes et la mise en place d’un plan national de relance du secteur des télécommunications sont plus que nécessaires. Il est en réalité impossible d’atteindre un objectif sectoriel sans plans et approches.

Par Kaba Mamadi, Consultant, spécialiste en Digitalisation/NTIC/TELECOM