Conakry, 13 Mai 2025 — Dans une déclaration pour le moins stupéfiante, le chanteur guinéen Pathé Moloko, figure de la musique pastorale, a franchi un nouveau cap dans l’expression publique de la ferveur politique.
Invité dans l’émission Star en lignesur WestAfrica, l’artiste a proclamé son attachement au président de la transition, Mamadi Doumbouya, avec des mots qui ont fait sursauter autant qu’ils ont fait le tour des réseaux sociaux.
« Je le jure devant Dieu, je préfère le général Mamadi Doumbouya à tout ce qui m’est cher : ma famille, mes épouses, mes enfants. Personne ne peut l’égaler. Je le préfère à mon père et à ma mère, qui ne sont plus de ce monde », a-t-il lancé face caméra, droit dans ses convictions.
Et comme si cela ne suffisait pas, il a ajouté que c’est grâce à Mamadi Doumbouya qu’il a pu financer les sacrifices rituels pour ses deux parents décédés — une manière d’ancrer le président jusque dans les gestes les plus sacrés du lien familial.
Rarement un artiste guinéen n’aura été aussi loin dans la glorification d’un chef d’État. En quelques phrases, Pathé Moloko n’a pas seulement affiché son soutien : il a littéralement sacrifié la mémoire de ses parents au profit du prestige d’un homme fort. Et dans un pays où les ancêtres occupent une place centrale dans l’ordre symbolique, la sortie a de quoi interpeller.
Depuis l’arrivée de Mamadi Doumbouya au pouvoir en 2021, les artistes sont nombreux à lui témoigner leur loyauté, souvent à travers des chansons, des dédicaces ou des prestations lors d’événements officiels. Mais la déclaration de Pathé Moloko va bien au-delà du griotisme traditionnel. Elle épouse les codes d’une adoration quasi religieuse, où le président est érigé en figure salvatrice, au-dessus des liens du sang, de la filiation et du bon sens.
Cette posture n’est pas sans conséquences. Dans un climat où les critiques du régime sont peu audibles, où la liberté d’expression se heurte souvent aux lignes rouges du pouvoir militaire, cette vénération publique devient une manière de s’aligner — ou de survivre. Pour d’aucuns, cela illustre la précarité d’un monde artistique qui dépend de plus en plus du soutien des autorités. Pour d’autres, c’est le symptôme d’un culte de la personnalité qui s’installe doucement mais sûrement.
Reste à savoir si le général Mamadi Doumbouya, déjà très à l’aise dans ses habits de chef adulé, trouvera cette déclaration excessive ou flatteuse. Une chose est sûre : dans cette Guinée en transition, certains artistes ne composent plus seulement des mélodies — ils composent leur fidélité, quitte à rayer leurs propres morts de la partition
