Comme au moment de la crise en 2020 du fichier électoral, la CEDEAO fait le choix de conduire en Guinée une mission technique composée d’experts électoraux et en gouvernance démocratique. Une mission pour s’assurer des actions concrètes à retenir en vue de la tenue rapide des élections indispensables au retour à l’ordre constitutionnel

 

Contrairement à une mission politique comme il en est le cas depuis le début de la transition, l’organisation ouest-africaine fait le choix d’envoyer une mission technique pour discuter du chronogramme de la transition avec les autorités guinéennes. Cette démarche de la CEDEAO est toute nouvelle parce qu’elle a débuté à la suite de la levée des sanctions économiques contre le Mali. L’organisation sans fléchir sur sa posture de faire conduire la transition dans un délai raisonnablement moins long, est tenue cependant de prendre en compte les sollicitations des pays en transition et surtout de résoudre les trois coups de force à l’aune justement des contextes propres à chaque pays. C’en est d’ailleurs ce que demandent les autorités guinéennes. C’est en cela justement que l’organisation se fait violence pour questionner en détail le chronogramme. Cette mission comme celle qui fut conduite en août 2020 pour alors assainir les données du fichier général des électeurs, aura en charge d’essentialiser les activités contenues dans l’agenda de la transition, lequel est objet de discorde entre le gouvernement, le CNRD et les acteurs opposés à la démarche générale des autorités de la transition.

 

Si cette mission technique répond à une sollicitation souvent formulée par le CNRD, elle permet également à l’organisation de s’attacher toutes les garanties pour justifier la survenance de lourdes sanctions contre les membres du CNRD et du gouvernement s’ils ne bougent pas sur les 36 mois et en quel cas, ils ne pourraient point l’accuser de faire à sa seule tête. Par ailleurs, les conclusions de cette mission technique serviront aussi de bréviaire au travail entamé par le médiateur même si l’organisation exige depuis quelques mois de la junte, l’obtention d’un minimum de consensus pour obtenir une durée raisonnable. Ce qui semble compromis eu égard à la crise surdéterminée par le rejet de l’institution du cadre de dialogue dirigé par le Premier ministre ainsi que le contexte d’interdiction des manifestations et l’arrestation d’acteurs civils et politiques. Pour l’heure, les facilitatrices peinent à rassurer les cadres des grandes coalitions politiques et plateformes de la société civile.

 

Kabinet Fofana