Dans une interview qu’il a accordée à la rédaction de liberationinfo.com, Dr Touré Balla Moussa évoque les sujets brûlants du moment actuel. Dans la lutte contre l’injection accidentelle de la soude caustique, plusieurs enfants sont victimes de ce phénomène qui est devenu une préoccupation de santé publique. Le chef de l’unité de la churgie- Pediatrique de l’hôpital Ignace Deen et Jean Paul II, nous parle à bâton rompu pour sur ce fléau.
Comment prévenir la dangerosité de ce produit hautement toxique ? Les difficultés de la prise en charge, qui coûte extrêmement cher aux parents des victimes ? Comment éviter ce produit dangereux ? Pour répondre à toutes ces questions, Dr Touré Balla Moussa, a répondu aux questions de Mohamed Camara

Liberationinfo.com: Bonjour Docteur, veuillez vous présenter

Dr Touré Balla Moussa : je suis chef de l’unité Churgie-Pediatrique à l’hôpital Ignace Deen et Jean Paul .

Que savez-vous la dangerosité de la soude caustique, un produit hautement toxique ?

La soude caustique est un produit extrêmement dangereux qui par son PH, quand la soude caustique rentre en contact avec le tissu et il cause énormément de lésion, de lésion très grave c’est ça un peu la soude caustique. Mais malheureusement les population ne connaissent pas la dangerosité de ce produit. La soude caustique est utilisée dans les industries dans la fabrication des produits dans les normes limitées. Mais chez nous l’utilisation de la soude caustique a pris de l’ampleur. Qu’est ce que je veux dire pour faire la saponification, la soude caustique rentre dans la fabrication du savon, nos mamans teinturierès utilisent la soude caustique. La soude caustique est également utilisée par les calligraphes, les coiffeuses. C’est l’utilisation de la soude caustique surtout énormément en saponification et la teinture. Alors la saponification et la teinture sont des sources de revenus, si vous remarquez dans chaque bout de quartier de Conakry ou de la Guinée vous trouverez les fabricants du savon. C’est fabricants de savons ou de teinture utilisent la soude caustique mais ne savent pas garder le restant de la soude caustique. Ce restant est ingéré accidentellement par les enfants, voilà pourquoi nous en tant que personnel médical, churgien-pediatre, nous sommes confrontés d’énormes problèmes. (…) si nous intervenons, c’est pour informer d’avantage, sensibiliser d’avantage de la dangerosité de ce produit là, pourque nous puissions sauvegarder la vie de ceux que nous aimons, nos enfants. Les enfants ingérent accidentellement le restant de soude caustique dans les bouteilles ( Coca, Fanta…). On a enregistré même des cas, les enfants ont confondu la soude en liquide qui se trouvaient dans les bidons de Coyah. L’enfant il a soif, il va sa maman fait le savon, le restant qui est là il ya peu d’eau c’est clair, dans les bidons de Coyah, il prend, il boit, voilà un tout petit peu le gros problème qui est lié à ça. Je vous assure malgré les campagnes de sensibilisation le nombre ne fait qu’augmenter. J’essaye toujours avec mon équipe de sensibiliser et nous voulons maintenant que la presse et toute autre personne lisent ce que vous écrivez, s’associent à nous pour expliquer clairement à nos parents la dangerosité de ce produit.

Vous désiez tantôt que, c’est une source de revenus aujourd’hui pour certains parents, quels conseils vous prodiguerez à ses parents qui ignorent souvent la dangerosité de ce produit qui est hautement toxique ?

Le conseil qu’il faut leur donner, on ne peut pas les interdire de faire ça, leur activité génératrice, mais c’est de leur dire, en prenant position d’acheter la qualité qui leur faut du jour, si c’est possible de n’est pas essayé de garder la soude caustique. Si il arrive qu’ils achètent la quantité qu’il faut c’est très bien mais si ça dépasse, le restant là il faut le mettre dans un bidon sécurisé, pour que les enfants ne puissent pas toucher. Si qui est simple à mon avis, c’est notre source de revenus, c’est notre savon, il faut sécuriser la porte pour que les enfants ne soient pas là….En défaut de tout ça mettez la soude caustique à hauteur que les enfants ne touchent pas, voilà un tout petit peu des gestes qui sont vraiment simples pour éviter ce problème. Parce que la prise en charge est lourde, elle est lourde du point que tu n’as qu’à faire le savon pendant dix ans, et économiser tout ce que tu as eu pendant ces dix ans là le jour que ton enfant ou l’enfant de ton voisin est victime de ce problème là, les injections accidentelle de la soude caustique toute l’économie part et ça ne suffit même pour son traitement….

Au cas où l’accident arrive…

Une fois que l’accident arrive, il y a des choses qui ne faut pas faire, qu’ils sont très répandues chez nous ici. (…) qu’est-ce qu’il fait faire, à mon avis il est très important que la populationou les utilisateurs de la soude caustique sachent que donner ( l’huile rouge, le lait gloria, le citron, l’œuf…) ne résout pas le problème. Une étude réalisée par nos services ici montre clairement que l’utilisation de l’huile rouge n’a pas d’effet, les 95% des enfants qui développent les complications les plus redoutables injections accidentelle de la soude caustique, qui est la synose- caustique. Quand tu regardes,tu trouves que les premiers apportés étaient inappropriés, ils ont donné l’huile rouge ou le lait gloria, ça il n’y a pas d’effet. D’abord la soude n’est pas une intoxication, c’est un produit qui brûle et ça se fixe on niveau de la muqueuse, donc imaginez vous un produit qui brûle et qui se fixe, il est étant fixé au niveau du coud, l’enfant pleure, et vous le forcez pour lui donner l’huile rouge ou le lait gloria, le traitement devient difficile…Quand l’œsophage est brûlé sa cicatrisation va petit petit progresser et finalement ça va fermer, parce que c’est comme un petit tuyau l’œsophage, du point que la salive même de l’enfant ne passe pas à plus forte raison l’aliment, voilà dans quel état nous recevons ces enfants là…il faut chercher à faire vomir l’enfant, le produit étant là, vous le faites vomir pour sortir, donc il y a un double passage ça va brûler deux fois, donc il ne faut le faire….

Vous avez des statistiques à votre niveau ?

Oui bien sûr, nous avons bien des statistiques je vous ai dit, ça devient très fréquent du point que à mon avis ça commence à être un problème de santé publique, malheureusement qu’on en parle pas beaucoup. Tenez vous, de 2019-2020 on avait (27) vingt sept ans qu’on a géré, de 2020 à nos jours, nous avons (47) quarante sept enfants que nous prenons en charge. Vous voyez comment ça augmenter d’où la nécessité de faire ces campagnes de sensibilisation, la nécessité d’expliquer clairement à nos parents, ce que vous faites c’est bon, c’est une source de revenus, mais attention avec l’utilisation de la soude caustique…

Comment la prise en charge se passe ici, c’est l’état ou c’est les familles ?

Ah, c’est les familles, souvent les ONG, les ONG qui aident mais l’aide vraiment limitée, c’est surtout les familles, c’est très très difficile.

Quelle est la contribution de l’état dans tout ça ?

La contribution de l’état, c’est pour mettre les structures pour le moment, les structures sont là, defois c’est le directeur de l’hôpital qui fait certains gestes, vu la gravité et l’état de ses enfants, il signe des bons d’hospitalisation…,mais la prise en charge est difficile, imaginez-vous un enfant qui vient vous trouver, un mois, deux mois de l’injection de la soude caustique, les parents disent que mais docteur c’est enfant il ingéré la soude caustique…

Votre dernier mot à l’endroit des parents

À l’endroit des parents, dès qu’il y a accident arrêtez de donner l’huile rouge, arrêtez de donner le lait Gloria ça ne fait que aggraver, c’est la première des choses. Adressez-vous à la structure sanitaire la plus proche, c’est très important, il faut surtout faire la prévention. La meilleure utilisation de la soude caustique est la prévention, mettez le produit à hauteur, fermez nos usines de savon avec des clés. Éloignons ces enfants que nous aimons, ça leur protège contre ces produits dangereux…

Propos recueillis par Mohamed Camara 

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