Le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, a assuré vendredi que l’Etat reprendrait le contrôle de tous les territoires qui lui échappent, en marge de célébrations de l’indépendance réduites à des cérémonies officielles dans un contexte de regain des tensions.
La junte qui a pris le pouvoir par la force en 2020 a décidé d’annuler les manifestations festives prévues pour le 63ème anniversaire de l’indépendance. A Bamako, les célébrations se sont limitées à un dépôt de gerbe par le colonel Goïta au monument de l’indépendance, et à un défilé militaire.
Le Mali, confronté depuis 2012 à la propagation jihadiste et à une profonde crise sécuritaire, humanitaire et politique, marquait cet anniversaire alors que le nord connaît une reprise des hostilités par les groupes séparatistes et une intensification des activités jihadistes. Les régions de Tombouctou et Gao ont été depuis août le théâtre d’une succession d’attaques contre les positions de l’armée malienne et contre les civils.
L’armée et les groupes armés se disputent le contrôle du territoire au moment où la mission de l’ONU (Minusma), poussée vers la sortie par la junte, se retire. S’exprimant devant des journalistes après le défilé, le colonel Goïta a invoqué la solidarité avec les familles endeuillées pour justifier la « sobriété » des célébrations.
Les fonds prévus pour les festivités sont réaffectés au soutien des proches des victimes, dont celles de l’attaque imputée à des jihadistes contre un bateau de passagers le 7 septembre sur le fleuve Niger, a-t-il dit. L’attaque a fait des dizaines de morts. « La situation sécuritaire est certes tendue », a-t-il dit. Mais « le Mali va recouvrer sa souveraineté sur l’ensemble du territoire national, et apporter les services sociaux de base à nos populations ».
Les tensions risquent de s’aggraver d’ici à fin 2023 à mesure que la Minusma quittera ses camps dans le nord, dont celui de Kidal, ville bastion des Touareg. Les séparatistes estiment que les emprises onusiennes devraient revenir sous leur contrôle.
Le colonel Goïta, investi président après un double putsch en 2020 et 2021, a signifié dans un discours jeudi soir que l’Etat redéploierait ses forces militaires sur tout le territoire en même temps que la Minusma se retirera de ses camps à Kidal, Aguelhok ou Tessalit au nord, mais aussi Douentza au centre ou Ansongo à l’est.
AFP