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Simone Gbagbo lance son propre parti

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En Côte d’Ivoire, l’ex-première dame de Simone Gbagbo, a crée samedi 8 août, son parti politique; deux ans avant la présidentielle de 2025. Elle rompt ainsi politiquement avec l’ex-président Laurent Gbagbo, avec qui elle avait formé un redoutable tandem au pouvoir pendant dix ans.

Sans surprise, étant la seule candidate, Simone Ehivet Gbagbo a été élue présidente du Mouvement des générations capables (MGC) avec 100% des voix par plusieurs centaines de délégués de tout le pays, lors d’une assemblée générale constitutive du parti de deux jours, qui s’est achevée samedi.

Jusqu’à sa transformation en parti politique, le MGC était une coalition de mouvements soutenant Mme Gbagbo, créée en septembre dernier, avec déjà dans sa ligne de mire la prochaine présidentielle.

« Nous y sommes, notre parti politique est désormais dans la place », s’est réjouie Mme Gbagbo vêtue d’un ensemble de tissu africain aux tons vert, visiblement heureuse, allant jusqu’à esquisser quelques pas de danse avec ses partisans qui la surnomment affectueusement « Maman ».

Elle a placé son parti résolument dans l’opposition au président ivoirien Alassane Ouattara. Selon elle, la « réconciliation nationale » qu’il a initiée « n’a jamais vraiment démarré de façon sérieuse ».

Elle a tout de même remercié le chef de l’Etat d’avoir récemment libéré deux officiers supérieurs de l’armée ivoirienne, incarcérés pour leur rôle dans la crise sanglante de 2010-2011, rappelant toutefois qu’il restait « une vingtaine de militaires » en prison.

L’ambition de son parti « humaniste et progressiste, fortement ancré dans la social-démocratie » et dont la devise est « Audace, solidarité, souveraineté », est « de transformer qualitativement les mentalités » pour construite « une Côte d’Ivoire nouvelle et moderne », selon elle.

– « La Dame de fer » –

Aujourd’hui âgée de 73 ans, celle qui fut surnommée « la Dame de fer », a formé un redoutable tandem avec Laurent Gbagbo lorsque celui-ci était président de 2000 à 2011.

C’est pour leur rôle pendant la crise sanglante – environ 3.000 morts – qui avait suivi la présidentielle de 2010 et née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara, qu’ils avaient été arrêtés à Abidjan en avril 2011.

Elle a été accusée d’être liée aux « escadrons de la mort » contre les partisans d’Alassane Ouattara.

Condamnée en 2015 dans son pays à 20 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État », elle a bénéficié en 2018 d’une loi d’amnistie, au nom de la « réconciliation nationale ».

Laurent Gbagbo, également condamné à 20 ans de prison en Côte d’Ivoire pour le « braquage » de la Banque centrale ouest-africaine pendant la crise de 2010-2011, vient lui de bénéficier d’une grâce présidentielle qui n’efface toutefois pas sa peine, ce qui pourrait l’empêcher de se présenter en 2025.

Simone Gbagbo l’a regretté samedi, estimant que la grâce, en lieu et place de l’amnistie qui annule la peine, « alourdit davantage l’atmosphère socio-politique » en Côte d’Ivoire.

Dans la foulée de l’acquittement de M. Gbagbo par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye en mars 2021 où il était poursuivi de crimes contre l’humanité, le mandat d’arrêt lancé par cette cour contre Simone Gbagbo, a été levé.

Mais tant sur le plan privé que politique, eux qui ont mené ensemble le combat pour le multipartisme dans leur pays il y a plus de 30 ans, suivent une trajectoire séparée depuis le retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo en juin 2021, après son acquittement par la CPI.

Tout juste rentré après dix ans d’absence au bras d’une autre femme, il a demandé le divorce d’avec Simone, avec qui il a eu deux filles.

Et l’une de ses premières sorties avait eu lieu à la cathédrale catholique d’Abidjan, marquant ainsi une autre rupture avec Simone dont il avait épousé la croyance évangéliste.

Laurent Gbagbo, âgé de 77 ans, a également créé en octobre dernier sa propre formation politique, le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), auquel Simone n’a jamais appartenu et qui n’était pas représenté à l’assemblée générale du MGC.

AFP