Le gouvernement hongrois n’autorisera pas l’entrée en vigueur de l’embargo sur les approvisionnements pétroliers russes sous la forme proposée par la Commission européenne. C’est ce qu’a déclaré ce vendredi le ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce, Peter Szijjarto, dans le cadre de la préparation à Bruxelles du sixième paquet de sanctions contre la Russie.

L’entrée en vigueur de cette proposition « compromettra la sécurité de l’approvisionnement énergétique de la Hongrie et ainsi, de toute l’économie hongroise », a-t-il mis en avant. « Bien sûr, nous ne permettrons pas cela, car nous ne pouvons permettre à personne de détruire les résultats des nombreuses années d’efforts du peuple hongrois », a déclaré M. Szijjarto, s’exprimant dans le département de Bacs-Kiskun, dans le sud du pays. Il a souligné que le gouvernement hongrois ne se calmera que « quand le plan de Bruxelles, prévoyant un embargo sur le pétrole russe, échoue ».

Plus tôt vendredi, le premier ministre hongrois Viktor Orban a déclaré à la station de radio Kossuth qu’une interdiction de l’approvisionnement en pétrole russe équivaudrait à une bombe atomique frappant l’économie du pays. Selon lui, cela reste une « ligne rouge » pour Budapest.

Le gouvernement hongrois a expliqué à plusieurs reprises que la seule grande raffinerie de pétrole du Danube dans le pays était technologiquement aménagée de telle sorte qu’au moins 65% des matières premières doivent provenir de Russie. Zsolt Hernadi, le PDG de la société MOL qui gère cette entreprise, a noté qu’il faudrait deux à quatre ans et plusieurs centaines de millions de dollars pour reconstruire le processus de production et passer à d’autres matières premières (avec une teneur en soufre, une densité différentes, etc.). Néanmoins, MOL a récemment été contraint d’élaborer un tel scénario.

Pas possible de remplacer le gaz russe par de l’américain

Antonio Brufau, président de la compagnie pétrolière espagnole Repsol, s’est interrogé sur l’opportunité de remplacer le gaz russe par du gaz naturel américain. C’est ce qu’indique un communiqué de presse publié par la société ce vendredi.

« Est-il judicieux de remplacer le gaz russe par du gaz naturel importé des États-Unis, qui a des prix locaux bas dont l’Europe ne profite pas et qui est très abondant grâce à la fracturation hydraulique, alors que nous interdisons cette technique sur notre continent? », a déclaré le chef de Repsol. Dans le même temps, selon lui, la situation en Ukraine souligne l’urgente nécessité d’assurer l’autonomie énergétique européenne.

« Il faut se demander s’il est réaliste de confier la sortie de crise, accompagnée d’une transition énergétique qui s’accélère, à la seule électrification renouvelable, sans tenir compte des autres technologies qui permettent la décarbonation, ni du rôle que le gaz naturel et le pétrole devraient jouer pour les années à venir », a ajouté Antonio Brufau.

Le 24 février, le président russe Vladimir Poutine a annoncé une opération militaire spéciale en réponse à la demande d’aide des dirigeants des Républiques du Donbass. Il a souligné que les plans de Moscou n’incluaient pas l’occupation des territoires ukrainiens, l’objectif étant la démilitarisation et la dénazification du pays. Après cela, les États-Unis, l’UE, le Royaume-Uni, ainsi qu’un certain nombre d’autres États ont imposé des sanctions contre des personnes physiques et morales russes.