Il est capable des choses extraordinaires. Il jongle entre les deux extrémités. Un jour bon, je dirai très bon. Un autre jour simplement catastrophique.

Le ministre de la justice a surpris plus d’un en acceptant de comparaitre devant le tribunal pour répondre à une plainte portée contre lui par ces anciens amis du FNDC, les mêmes qui l’ont porté au pinacle en le magnifiant avec tous les superlatifs. C’est désormais une histoire pourtant qu’on se doit de raconter pour amener les esprits amnésiques à comprendre que tout est question de positionnement.

Pour revenir à l’actualité qui défraie la chronique, le garde des sceaux a été cité à comparaitre devant le tribunal de première instance de Dixiin. Contre toute attente, il s’y est présenté. Il a rejoint le box, les pas pressés, vêtu d’un boubou blanc, avec un air rassurant, l’accusé extraordinaire était loin de paraitre tout naturel, comme tout autre. Accompagné par un ou deux collègues, il était aussi collé, pour sa sécurité, non pas par des gardes pénitentiaires, mais plutôt par sa garde prétorienne dont il ne se sépare jamais. Cette première mondiale aurait pu éternellement rester dans les marbres de l’histoire, si le patron des magistrats, l’accusé de luxe, avait aussi poussé l’audace de mettre entre parenthèses ses fonctions de ministre, histoire d’éviter toute susceptibilité visant à épiloguer sur une éventuelle influence négative sur les juges dont la décision pourrait être, par conséquent, influençable. Mais bon !

Au sortir d’une audience qui a duré plus de deux heures, le ministre de la justice, plutôt l’accusé Charles Wrigth, l’air triomphaliste, pouvait ne pas profiter de la grande mobilisation de la presse pour se refaire une image écornée par deux récents évènements, et même beaucoup plus.

» Quand on est cité à comparaitre, qui que tu sois, tu dois venir répondre, même étant convaincu que ce n’est pas le bon endroit au regard de la loi. Sinon, en réalité, on doit savoir qu’un ministre ne comparaît pas devant le tribunal de première instance, de surcroît quand il est magistrat. » a laissé entendre Charles Wrigth.

« On ne peut pas dire que la boussole de la refondation est la justice, qu’on soit alors convoqué par cette justice, et qu’on refuse de répondre à la convocation » a dit en substance Charles Wrigth qui lance un pique à ceux qui en ont gros sur le cœur contre la justice et qui doutent qu’elle est encore juste et impartiale.

Les membres du FNDC qui ont longtemps croupi en prison pour des faits qui n’en valaient que très peu, ainsi que les anciens dignitaires qui y sont aussi maintenus sur la base d’accusations impossibles à démontrer, plus d’un an après leur dépôt à la prison civile, n’auront jamais confiance en cette confession du ministre de la justice, lui qui est d’ailleurs pointé comme étant le problème de la justice.

Pour revenir à nouveau à cette comparution, disons-le, les détails invoqués qui frisent la mise en scène, quoiqu’il en soit, ne peuvent gommer le fait historique, et même inédit.

Cependant dire que ça redonne de l’espoir déchu, amener les gens à de nouveau espérer avoir une justice juste, impartiale et indépendante, est un leurre.

 

Mognouma Cissé