Quelques semaines après la publication des résultats catastrophiques des examens nationaux, la première fois dans l’histoire de la Guinée. Les acteurs sociaux de l’éducation continuent de dénoncer les insuffisance, les fraudes et les dysfonctionnements constatés tout au long de l’organisation.

À travers une interview réalisée par nos confrères de Espace TV, ce jeudi 18 août 2022, le secrétaire général du Syndicat National de l’Éducation SNE, Michel Pépé Balamou a chargé les responsables du département l’Éducation pour se qu’il qualifie de fraudes massives.

 

Selon lui, l’inspectrice régionale, récemment limogée par le décret du président de la République a été sacrifiée par des adeptes de la mauvaise gouvernance au sein du système éducatif. « Elle a été juste au mauvais endroit et au mauvais moment », a-t-il déclaré

Il désigne les principaux coupables de ce fiasco enregistré au niveau des examens nationaux. Pour lui, ceux qui ont pris l’initiative de changer les règles de jeu à la dernière minute, doivent répondre à leur forfaiture.

 

« Ceux qui ont changé le système d’évaluation sans maîtriser tous les paramètres. Nous avons critiqué les feuilles d’examen et la qualité des stickers mais, nous avons été qualifiés de frustrés et de saboteurs. Aujourd’hui, on est face à l’évidence qui ne peut être niée. On ne peut pas supprimer le secrétariat et les anonymats sans s’assurer de la moralité des femmes et des hommes choisis pour corriger, reporter, centraliser, saisir et calculer les notes. Cette année, tout le monde avait accès aux PV et aux notes parce qu’il n’y avait pas d’anonymats sur les copies », a-t-il indiqué

 

Par ailleurs, il affirme que plusieurs écoles privées ont négocié les résultats pour leurs candidats au détriment de beaucoup d’élèves qui se battent nuit et jour.

« Beaucoup d’écoles privées sont parvenues à négocier des meilleurs résultats pour leurs candidats, qu’à qui incombe la responsabilité morale de ce dérapage inédit ? Que chacun s’assume et subisse la rigueur de la loi », a-t-il dénoncé.

Avant de dénoncer avec véhémence, ce qu’il qualifie un crime intellectuel :«C’est ’est un crime intellectuel lorsque des bons élèves de familles pauvres échouent et que des élèves médiocres de familles riches sont déclarés admis. Surtout lorsqu’on reporte les notes des présents dans la colonne des absents et celles des absents dans la colonne des présents. C’est pourquoi, nous avions demandé dès la proclamation de ses résultats de toutes les polémiques, leur invalidation pure et simple », a-t-il fait savoir.

Plus loin, il dit ceci : « il suffit juste de jeter un regard sur les résultats de certaines écoles privées et leur taux de réussite au Cerficat d’Etudes Elémentaires (CEE) , au BEPC et au BAC ( 100%) pour se rendre compte de l’ampleur du deal. 70% des admis au Baccalauréat viennent des écoles privées contre 30% pour toutes les écoles publiques du pays. On peut tolérer la fraude d’un élève mais lorsque, c’est le système éducatif lui-même qui fraude, cela devient systémique » , a-t-il déploré.

Avantde de recommander aux autorités éducatives, un audit des copies des trois examens nationaux pour déterminer la responsabilité des uns et des autres.

« Pour y parvenir, il faut auditer dans toutes les copies des DPE /DCE/ IRE et Direction générale des examens. Il ne faut pas seulement sanctionner une seule personne et laisser les autres continuer à commettre leur forfaiture en toute impunité » a-t-il réagi.

Pour finir, Michel Balamou a demandé au président de la transition de prendre des sanctions contre les personnes qui sont impliquées dans cette fraude.

« Les orteils ne doivent pas tomber en lieu et place des têtes. Sinon, ce serait du deux poids deux mesures. Seule une commission d’audit indépendante pourra rétablir la vérité de la passation des épreuves de ces trois examens nationaux. Le reste n’est que de l’amateurisme.» a-t-il, souligné.

 

Mohamed Camara

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