La Chambre américaine des représentants a approuvé ce samedi 27 février le vaste plan de relance de 1 900 milliards de dollars voulu par Joe Biden grâce aux seules voix des démocrates. Un premier cap crucial avant son examen au Sénat où la hausse du salaire minimum devrait être abandonnée.

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« Le texte est approuvé », a déclaré la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, peu après deux heures du matin, sous les applaudissements de son groupe. Après des heures de débat, le projet de loi a été adopté dans la nuit à la chambre basse par 219 voix, toutes démocrates, contre 212 (dont deux démocrates), les républicains dénonçant des mesures trop coûteuses et mal ciblées.

Dans le détail, le plan Biden prévoit plusieurs dizaines de milliards de dollars pour l’accélération du rythme des vaccinations et le déploiement de tests mais aussi 130 milliards de dollars pour aider les écoles et lycées à rouvrir malgré la pandémie.

De nouveaux chèques d’aide d’un montant de 1 400 dollars devraient être envoyés aux Américains, selon leur niveau de revenus, et la durée de versement des allocations chômage prolongée jusqu’au 30 septembre 2021.

Pas de clause sur le salaire minimum

Le temps presse pour soutenir la première économie mondiale, durement frappée par la pandémie de Covid-19. Et le nouveau président démocrate voulait au départ voir son « Plan de sauvetage américain » adopté dès début février. Face au retard, il avait appelé cette semaine le Congrès à « avancer rapidement ».

Le texte sera transmis au Sénat la semaine prochaine, où la mesure prévoyant une hausse du revenu minimum – jusqu’à 15 dollars par heure, d’ici 2025 – devrait être retirée. Confiants, les démocrates comptent sur leur infime majorité à la chambre haute pour qu’il y soit à son tour approuvé.

La version finale du texte reviendra alors à la Chambre, où les chefs démocrates ont affirmé vendredi compter sur suffisamment de voix pour que le plan de relance soit adopté définitivement, avec ou sans hausse du salaire minimum.

« Nous devons approuver ce plan avant le 14 mars », lorsque le versement d’allocations chômage prolongé dans un précédent plan d’aide cessera, a mis en garde le chef de la majorité Steny Hoyer.

« Gâchis »

« Après un an de pandémie et de crise économique, les Américains doivent savoir que leur gouvernement agit pour eux. Et que, comme le président Biden l’a dit, « l’aide arrive« , avait lancé Nancy Pelosi avant le vote. Si nous ne mettons pas en oeuvre ce plan d’aide, les résultats pourraient être catastrophiques. »

En face, les républicains ont dénoncé un plan titanesque qui ne fait « que jeter l’argent par les fenêtres ». « Mais est-ce qu’il aidera les gens à retrouver du travail ? Non, a accusé le chef de la minorité républicaine, Kevin McCarthy. Les démocrates ont tellement honte de tout le gâchis d’argent non lié au Covid dans ce texte qu’ils le font passer au milieu de la nuit. »

L’opposition de la gardienne des procédures

C’est une figure méconnue du Congrès qui avait bousculé jeudi soir l’avancée de ce plan massif. La gardienne des procédures, complexes, du Sénat, Elizabeth MacDonough, a jugé que le texte ne pouvait pas inclure la hausse du salaire minimum horaire inscrite dans le projet de loi. Elle a jugé, comme la loi l’y autorise, que cette hausse entraînait le plan de relance au-delà de son objectif budgétaire initial et qu’il ne pouvait donc pas etre voté en l’état à la majorité simple.

C’est la procédure dite de « réconciliation »voulue par les démocrates qui leur permet de faire passer un texte à une voix de majorité grace à la vice-présidente Kamala Harris. Selon Elizabeth MacDonough, la mesure de revalorisation du salaire minimum est d’une telle ampleur qu’elle nécessite la majorité de 60 voix sur 100, obligeant les démocrates à convaincre au moins 9 sénateurs républicains.

Hausse « inévitable »

Si certains progressistes s’en sont indignés, appelant à outrepasser le jugement de cette « parlementarian », une responsable du Congrès non élue, Joe Biden a fait savoir dès jeudi soir qu’il le « respectait ». Tout en annonçant qu’il tenterait de faire avancer séparément l’augmentation du salaire fédéral minimum, actuellement à 7,25 dollars par heure.

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Une voie également anticipée vendredi soir par les chefs démocrates du Congrès. « Il est inévitable, à nos yeux à tous, de parvenir au salaire minimum à 15 dollars », a martelé Nancy Pelosi dans l’hémicycle, en promettant d’y travailler « activement ».

Opposition des démocrates modérés

Le retrait de la hausse du salaire minimum pourrait au final faciliter l’adoption du plan de soutien, car certains démocrates modérés étaient opposés à cette mesure. Or, avec son infime majorité au Sénat, et l’opposition des républicains au plan Biden, le parti a impérativement besoin d’unité pour faire adopter ce projet.

Le sénateur Bernie Sanders et d’autres démocrates progressistes étudient toutefois une alternative pour encourager la hausse des revenus minimum : introduire dans le vaste plan de soutien un amendement créant des pénalités fiscales pour les grandes entreprises qui payent moins qu’un « minimum vital ». Mais les démocrates modérés pourraient s’y opposer. Et la « parliamentarian » aussi.

Avec RFI