Il n’était pas assez connu de l’opinion nationale, jusqu’au moment de sa sortie médiatique fracassante le weekend dernier à Ouagadougou.
En conférence de presse, chez lui, au Burkina Faso, devant des journalistes de son pays et ceux venus d’ailleurs, le patron d’Ebomaf a dévoilé le pot aux roses qui scellait ses relations « d’amitié » avec l’ancien Président guinéen.
C’était pour annoncer à ses interlocuteurs soigneusement triés sur le volet en vue d’atteindre sa cible, que son ancien partenaire d’affaires n’était pas du tout solvable et que celui-ci, lui reste devoir la somme démentielle de plus de 20millions d’euros.
Une dette contractée et accumulée au fil des nombreux déplacements d’Alpha Condé dans les jets privés de son importante flotte d’avions.
Difficile de trancher entre les deux désormais anciens amis, eux qui ont traité leur deal loin des regards indiscrets de leurs entourages respectifs. Quel mufle !
Cependant, l’opportunité de la révélation ainsi faite suscite des interrogations. Le moment choisi par le richissime homme d’affaires burkinabé pour mettre au gout du jour cette affaire fait jaser.
Attendre que le Président Alpha Condé ne soit plus à mesure de rétorquer pour se défendre contre ses accusations parait opportuniste et même très peu courageux, lui qui est maintenu dans un cachot depuis son éviction au pouvoir, le 05 septembre 2020 .
Pour enfoncer le clou, celui qui a été introduit à Sékhoutoureya par son compatriote ministre des affaires étrangères du Burkina, Alpha Bary, alors conseiller d’Alpha Condé, pour les compétences encore non avérées en Guinée, raconte également que l’ancien homme fort de Conakry se servait aussi de son image en politique.
Quel paradoxe car, en Guinée, on est plutôt convaincu du contraire, à tort ou à raison.
Sans être au bain des détails dédaléens du fameux contrat de construction de la route nationale Kankan-Kissidougou , attribué à la société du plaintif , les Guinéens sont convaincus que c’est le Burkanabé qui a bien profité de ses relations connues très privilégiées avec Alpha Condé. C’est l’arroseur arrosé. Tant dans l’opinion nationale, on pense en effet que c’est le cheval tant engraissé qui agresse.
Ce dossier fera l’objet d’un traitement particulier très prochainement.
Par ailleurs, il est évident, que dans son soliloque, au fond de sa prison dorée où il se trouve depuis pratiquement un mois, Alpha Condé devrait nourrir d’énormes regrets pour avoir privilégié ses amis hommes d’affaires étrangers au détriment de ceux de son pays.
Le décalage entre l’attitude nationaliste apparente ventée par l’ancien homme fort de Sekoutoureya et sa propension à ignorer les investisseurs locaux pour des travaux que ces derniers peuvent bien exécuter était le sujet sur toutes lèvres.
Curieusement, d’un constat général, ces privilégiés opérateurs économiques d’ailleurs, pour la plupart, n’ont jamais donné satisfaction dans le cadre des contrats, à eux leur attribués en Guinée.
La moralisation des comptes publics annoncée par le président de la junte, Mamadi Doumbouya dans son discours tenue la veille de la fête de l’indépendance, donne l’espoir d’en savoir beaucoup plus sur les relations d’affaires que son prédécesseur entretenait avec le patron d’EBOMAF.
Mognouma Cissé