En donnant la parole aux porteurs de la hampe du communautarisme, les journalistes ne se rendent-ils pas complices des propos de ceux-ci?

Le repli identitaire, l’instrumentalisation à outrance et l’étiquetage, pour des fins politiques, des communautés comme étant le blocus au développement dans notre pays, sont des plaies béantes dont se tortille, depuis belle lurette, notre patrimoine commun.

En effet, des politiques, sans aucun projet de société, attisent tendancieusement, sous la férule des journalistes, la flamme du tribalisme dans les entrailles du Peuple. Une flamme qui ne cesse de consumer aujourd’hui l’essence de notre vivre ensemble.

Sous d’autres cieux, les médias sont des lanceurs d’alerte, des promoteurs de la non non-violence et du renforcement des fibres sociales.

Paradoxalement, ici chez nous, plutôt que d’aviser de l’écueil qui guette notre Pays si chacun continue de se recroqueviller sur sa communauté, la Presse sert à nourrir et attiser les tensions interethniques.

Ici, des individus en manque d’arguments consistants pouvant leur permettre d’asseoir leurs points de vue face à des adversaires plus rhétoriciens, se servent de la couverture médiatique pour vilipender de bonnes gens et cracher sur des valeurs unissant solidement les composantes de notre société depuis la nuit des temps.

A ce rythme-là, nous courons inéluctablement à la catastrophe, si une prise de conscience effective n’est pas faite au niveau des influenceurs d’opinions.

En réalité, il est plus qu’impérieux aujourd’hui pour les instances en charge de la Presse de rappeler à l’ordre des journalistes qui impulsent les valeurs ne favorisant aucunement la cohabitation pacifique entre les citoyens.

Sans couvrir les mots, j’accuse la Presse guinéenne de contribuer à la détérioration du climat social.

Oui ! Je l’accuse parce qu’elle ne fait pas assez pour affranchir les citoyens des mentalités rétrogrades qui ne nous avancent à rien du tout.

Je la pointe du doigt pour la simple raison qu’elle est receleuse des propos malencontreux des pourfendeurs de nos valeurs sociétales. Si tous les échotiers sevraient de parole ces instigateurs du communautarisme, s’ils tournaient tous le dos à ces acariâtres, la désinvolture et la promotion du tribalisme seraient loin des lisières de notre pays.

J’accuse aussi les Gouvernants de ne pas retrousser suffisamment leurs manches contre ces attitudes obscurantistes, ostensiblement bêtes, poussant des guinéens à se regarder en chiens de faïence.

J’incrimine aussi les politiques d’être responsables de ce climat délétère pour avoir semé, nourri et entretenu la graine de la division.

En un mot tout comme en mille, toujours est-il que si les politiques sont responsables de la fragilisation du tissu social, la Presse leur sert de boulevard pour atteindre cette visée.

Le Peuple de Guinée vous tiendra pour responsables si un jour le ciel s’assombrissait au-dessus de nos têtes.

En clair, il est grand temps pour vous de prendre vos bâtons de pèlerin afin d’amener les guinéens à marcher ensemble, les mains dessus-dessous, vers de nouveaux horizons.

Bref, que les renégats qui veulent, à tout bout de champ, mettre le feu à ce beau Pays, comprennent qu’on sait souvent où commence la guerre, mais personne ne peut circonscrire son ampleur ni deviner le temps qu’elle prendra. Faisons donc attention à nos faits et gestes!

Sayon MARA, Juriste