Si le coup d’Etat avait été salué le 5 septembre 2021, sa conduite se fait de jour en jour décriée. Les maux dénoncés pour être éradiqués, ont finalement été recyclés avec une ingénierie hors du commun. Le sort indûment réservé aux anciens dignitaires s’applique peu à peu aux nouveaux commandeurs.

Désormais, personne n’est heureux et personne n’est malheureux. Il faut juste savoir observer. Bonjour à la République, si elle existe. Attention ! Je vais expliquer cette partie pour éviter de me faire enregistrer pour le faire écouter avec la plus grande acoumétrie dans l’intention de faire répliquer les autorités contre ma liberté. Pourquoi je parle de la République sans république ?

Selon Wikipédia, la République est un mode d’organisation d’un pays dans lequel le pouvoir est exercé par la population ou ses représentants, généralement élus, et où le chef d’État (s’il existe) n’est pas héréditaire et n’est pas le seul à détenir le pouvoir. Analysons cette définition. Puisqu’on est sous le règne de ceux qu’on appelle couramment les « diaspo », qui donnent l’impression par le contenu de leur CV, d’avoir mieux étudié la langue de Molière que Molière lui-même. Alors, libre à chacun de faire une analyse de la définition de la République, qu’elle soit lexicale, sémantique, structurale, évaluative ou catégorielle.

On dit que la République est un mode d’organisation d’un pays. Le nôtre à quel mode d’organisation aujourd’hui ? Ce qu’on interdit à certains, est autorisé pour d’autres. Ce qu’on dénonçait jadis, se fait applaudir désormais. Les valeurs telles que la démocratie, l’état de droit, la justice et l’égalité des citoyens qui ont permis à la transition d’avoir la confiance des uns et des autres, ne sont plus nécessaires au mode d’organisation de notre État. La République, c’est un pays dans lequel le pouvoir est exercé par la population ou ses représentants.

Quel est le pouvoir qui est exercé actuellement par la population guinéenne ? Elle dit avoir été leurrée et réduite à l’assistanat du fait de la précarité extrême à un moment où le coût de la vie est devenu excessivement cher. On parle des représentants de la population. Ceux qui nous dirigent sont-ils véritablement les représentants du peuple ? Qu’est-ce qu’ils font à la volonté des populations pour leur bien-être ? Leur souffrance a été mise en avant hier pour bénéficier de leur soutien. Mais aujourd’hui, elle vit dans une sorte de détresse qui conduit à la maladresse. Chaque jour, la lumière disparaît et l’obscurité apparaît. La misère accroît et la richesse s’affaisse. L’argent disparaît, mais les immeubles apparaissent. La population végète, mais les dirigeants se développent. Progressivement, le présent donne raison au passé.

Dans une République, le chef de l’Etat n’est pas le seul à détenir le pouvoir. Mais en Guinée, le pouvoir se résume au chef de l’Etat lui-même. Les autres ne disposent que des pouvoirs de propositions, de dénonciations et d’observations. Par la conduite des choses, le pouvoir de l’unité dans la solidarité, a cédé place à la cupidité dans l’ethnicité. La haine a pris le dessus sur l’amour de son prochain. Le pouvoir des gouvernants l’emporte désormais sur les gouvernés. Les circonstances du moment ont fait gagner le mensonge sur la vérité, la médiocrité sur l’excellence et l’affinité et le mérite. Depuis le 5 septembre 2021, le chef de l’Etat a retiré les passeports de ses anciens mentors. Il a gelé leurs comptes en banque et les a assignés à domiciles sans possibilité de se mouvoir. Aucun autre pouvoir ne s’est opposé à cette décision du Chef de l’Etat. La Cour qu’il a créée pour réprimer les crimes économiques, n’a visiblement de force que de coffrer des anciens dignitaires. Les nouveaux maîtres qui excellent dans la richesse sans cesse, sont en train d’être caressés. Même les religieux qui enseignent les paroles de Dieu, ne sont plus capables de raisonner les autorités à agir selon les paroles de Dieu. Pourtant, les livres saints qu’ils utilisent, sont les visas d’entrée en fonction des autorités depuis le 5 septembre 2021. Quel paradoxe ! À force de vouloir appliquer leur volonté, imposer leurs désirs et faire exécuter leurs instructions, le pouvoir est en train de tomber dans son propre piège. Il faut savoir observer. Les passeports des anciens ont été saisis, ceux des nouveaux sont actuellement saisis. Des anciens sont interdits de sortir du pays, des nouveaux maîtres sont aussi interdits de sortir du pays. Des anciens ont été interdits hier d’aller se faire soigner. Les nouveaux sont en ce moment empêchés de sortir pour les mêmes nécessités. Des anciens ont été délogés hier, les nouveaux maîtres le seront certainement demain.

La CRIEF des anciens dignitaires s’apprête aussi à abriter des nouveaux clients. Donnons du temps au temps, car le jugement de Dieu, vient toujours en dernier.

Mamoudou Babila KEITA