Former Ivorian presidents Henri Konan Bedie (L) welcomes Laurent Gbagbo (R) to his residence in the city of Daoukro in Ivory Coast on July 10, 2021. Three weeks after his return to the Ivory Coast, Laurent Gbagbo met with Henri Konan Bedie, at his residence in Daoukro, where the two leaders of the Ivorian opposition and former presidents intend to give a new impetus to the process of national reconciliation, while their respective parties fought during the crisis of 2010-2011. / AFP / Issouf SANOGO

L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a rendu visite à un autre ex-président, Henri Konan Bédié, le chef du principal parti d’opposition, le PDCI, ce samedi 10 juillet en fin de journée. Une visite de courtoisie, placée sous le signe de la réconciliation nationale, sa venue a également pris des allures de meeting politique.

Comme dansson village natal de Mamail y a deux semaines, Laurent Gbagbo a pris la parole pendant près d’une demi-heure.

Cette visite est présentée par le PDCI, comme une «occasion de retrouvailles fraternelles entre les présidents». Pour les observateurs, il s’agit surtout de sceller une alliance politique entre les deux leaders et leur formation politique respectives. Pourtant les deux hommes furent de virulents rivaux par le passé. En 1999, Laurent Gbagbo saluait le coup d’État perpétré contre la présidence d’Henri Konan Bédié, tandis qu’en 2011, en pleine crise et période de violences post-électorales, le président du PDCI déclarait à Jeune Afrique que la place de Laurent Gbagbo était «à la CPI». Mais 10 ans après, Henri Konan Bédié, a rejoint l’opposition après une série de désaccords avec le RHDP, le parti présidentiel, et les anciennes rivalités semblent avoir totalement disparu ce samedi 10 juillet à Daoukro.

Dès le début de son intervention, l’ancien président a avoué être incapable de ne «pas faire de politique». «Est-ce que Laurent Gbagbo peut rencontrer Henri Konan Bédié sans que ce soit de la politique?» a-t-il plaisanté devant un auditoire composé de cadres du FPI-GOR et du PDCI. Laurent Gbagbo a estimé poser un «acte de réconciliation et un acte de reconnaissance»en rencontrant Henri Konan Bédié, son ancien rival politique, qu’il a plusieurs fois remercié pour lui avoir rendu visite à Bruxelles, quelques semaines après sa sortie de prison. «Quand tu es au trou, celui qui vient te saluer est ton frère», a-t-il insisté.

L’historien de formation a donné sa propre vision de la réconciliation dans une attaque à peine voilée contre le camp au pouvoir. «Il faut se dire les vérités au moment où il faut se les dire, il faut se dire les vérités qui soignent, pour guérir, pas comme des bravades qui peuvent blesser», a-t-il asséné.

Gbagbo a évoqué la présidentielle d’octobre

Laurent Gbagbo est également revenu sur l’élection présidentielle controversée d’octobre 2020. L’ancien président est longuement revenu sur la période de troubles politiques qui a précédé et suivi l’élection présidentielle. «Mais quel spectacle donnons-nous au monde ?», a-t-il déploré au sujet des violences électorales qui ont fait près de 90 victimes. «Si on ne veut pas que le pays brûle, on doit respecter ce qui est écrit», dit-il en évoquant la Constitution de 2016.

Il est également revenu sur son interview télévisée donnéedeux jours avant l’élection. «Il fallait que je dise que je suis d’accord contre ceux qui luttent contre le troisième mandat», précise-t-il.

«On peut décider que n’avons aucune Constitution et vivre comme ça,ironise-t-il,mais si nous avons une Constitution, il faut se battre pour être du côté de la Constitution. Respecter les textes, respecter les êtres humains», a aussi imploré, l’ancien président, prenant de plus en plus les habits d’un opposant de premier rang.

 

RFI