« Ce n’est pas la qualité du projet qui est en cause mais la réunion de toutes les conditions d’investissement. Or, parmi elles, il y a l’absence de litige… » C’est ainsi qu’un bon connaisseur du secteur minier guinéen résume le contexte autour du projet de corridor sud. Présente en Guinée depuis 2014, MCI n’en est pas à son premier projet. Mais, un bras-de-fer judiciaire l’oppose depuis presque un an à quatre filiales de l’un de ses partenaires, Monaco Resources Group (MRG), présent à Forécariah à travers sa filiale Société des bauxites de Guinée (SBG).

MCI accuse MRG et certains de ses responsables de « faux, escroquerie, abus de confiance, blanchiment de capitaux, association de malfaiteurs et complicité » pour un préjudice estimé à 16 millions d’euros, dommages et intérêts compris. Dans une ordonnance du 26 novembre 2021, un juge d’instruction du tribunal de Kaloum a interdit de sortie du territoire guinéen les huit mis en cause et ordonné une saisie de leurs biens comme mesures conservatoires. Une décision annulée le 4 janvier 2022 par la première chambre de contrôle de l’instruction de la cour d’appel de Conakry, saisie par MRG.

Les deux parties s’opposent sur la nature de l’affaire née d’un contrat entre les deux sociétés pour la réalisation d’une route de 200 km (reliant la RN4 à la RN1) et d’un port à Konta (Forécariah), MCI devant effectuer les travaux pour MRG. « Alors que les travaux sont exécutés à 44 %, contre toute attente, MCI porte plainte pour le paiement d’une facture hors convention », explique une note transmise àJeune Afriquepar SBG (dont la maison-mère est MRG) qui, depuis, ne souhaite plus commenter le dossier. La plainte de MCI est interprétée par SBG comme une « violation d’obligations contractuelles » ayant pour conséquence l’annulation du contrat.

Une « résiliation unilatérale », dénonce pour sa part MCI, qui assure avoir effectué 60 % des travaux de construction de la route et livré le port. « Ce n’est pas seulement un conflit civil, on estime qu’il y a eu des infractions pénales. On laisse la justice travailler sereinement et en toute indépendance », explique la conseillère juridique de MCI, Sophie Hacker-Waels, qui ne souhaite pas commenter davantage la procédure.

MCI, qui assure que le conflit n’a pas d’impact sur le développement du projet de corridor sud, souhaite « une solution légale et acceptable par tous ». « Dans l’intérêt général, nous nous emploierons à lever les verrous qui empêchent la reprise de la production », assure encore le groupe. Reste à savoir s’il n’est pas déjà trop tard.

Avec Jeuneafrique