Le procès contre les cadres du ministère de la Fonction Publique et du Travail pour « faux en écriture publique et faux commis dans certains actes administratifs et complicité » s’est poursuivi ce lundi 21 juin au Tribunal de Première Instance (TPI) de Kaloum.

Ayant constaté l’absence des prévenus régulièrement cités dans le dossier, la Juge Hadja Mariama Doumbouya a décerné un mandat d’amener contre certains hauts cadres dont, entre autres, Mamady Cissé en service au ministère de l’Environnement, Aboubacar Camara alias ‘’service’’ au ministère du Budget, direction comptabilité des matières ; Kélètigui Kéita, douanier de profession, Mme. Julienne Toupu au PREMA, Famany Traoré, Directeur des Ressources Humaines (DRH) au ministère de la l’Environnement, Lancei Béavogui en service au ministère du Budget, service soldes, Seydou Dabo en service au ministère des Transports et Mme. Juliette Titi Kamano, Directrice nationale des services concours et examens (…).    

Dans la salle d’audience, la juge a indiqué que Mme. Juliette Titi Kaman a ‘’refusé de prendre la citation et qu’elle a même chassé l’huissier dans son bureau.’’

Pour sa part, le Procureur de la République de la République près du TPI de Kaloum, Alpha Sény Camara, a accusé ces cadres d’avoir fait perdre à l’État plus de 345 milliards de francs guinéens.

« Un grand dossier de ce genre, il vous faut, Mme la présidente Hadja Mariama Doumbouya, votre courage habituel », l’a-t-il exhortée.

-Dans ce cas, rétorquera la présidente, j’ai besoin d’être appuyée par le Parquet.

A la barre, l’un des prévenus, Aboubacar Camara a affirmé qu’il a déposé une demande à fonction Publique et deux ans après, il a été appelé qu’il est admis. « Je n’ai pas fait le concours. C’est ma maman qui a fait le dépôt pour moi à la fonction publique. Depuis deux ans mon salaire est bloqué. La banque m’a dit de venir voir le commissaire Ibrahima Sory Touré au commissariat central de Kaloum. Ce dernier aussi m’a orienté vers le juge au TPI de Kaloum », a-t-il expliqué.

Quant au Nouhan Diakité, il a fait savoir à la barre qu’il a bénéficié d’un stage de trois mois à la Fonction publique avant d’être engagé en novembre 2017. « J’ai perçu mon premier salaire en 2018. Mon salaire a été bloqué de novembre 2019 à janvier 2020. J’ai tous les dossiers légaux avec moi. Je n’ai pas fait de concours. Je fais partie des 5 000 fonctionnaires engagés sans concours. C’est au ministère de la Fonction publique de le prouver », s’est-il défendu.

«…Tu es rentré à la fonction publique à travers une relation et tu as eu le  matricule d’autrui par la complicité des cadres de la Fonction publique et ceux du budget. Nous avons suffisamment de preuves.  Nous allons découvrir les vrais titulaires des matricules. Nous ne sommes contre personne.  Il y en a qui n’ont pas le baccalauréat mais, ils sont fonctionnaires. On ne peut pas sortir 345 milliards de francs guinéens et que l’Etat reste tranquille. Le commissaire Ibrahima Sory Touré qui travaillait bien dans la commission rogatoire, a été arbitrairement muté à cause de son sérieux dans le travail.  Une attitude que nous avons dénoncée. Voilà un autre problème dans l’administration publique. Il y a des fonctionnaires qui ont plus de 50 voire 100 matricules qu’ils manipulent.  Au moment venu, ils vont défiler à la barre. Je regrette que les prévenus ne soient pas venus et d’autres ont proféré des menaces contre les huissiers.   Je demande que des mandats d’arrêt soient décerné contre eux. Personne n’est au-dessus de la loi… », a-t-il menacé.

Contrairement aux autres prévenus, Sékou Oumar 2 Sanoh, cadre au ministère de l’Environnement, a reconnu les faits qui lui sont reprochés avant de préciser qu’il n’a affecté que deux matricules. « Je ne suis pas l’auteur principal mais plutôt complice », a-t-il avoué.  

Dans le même sillage, Jean Tamba Mansaré est revenu sur sa mésaventure tout révélant au public la grande mafia financière qu’elle cache : « tout a commencé en 2018. C’est un certain Kèletigui Kéita et Aboubacar Camara, salais, ‘’Gallilé’’ qui m’ont aidé à intégrer la fonction publique. Pour la première fois, ils m’ont demandé 15 millions de francs guinéens. J’ai dit que je n’avais que trois millions de francs guinéens qu’ils ont finalement acceptés. Ils m’ont envoyé des documents qui ne portaient mon nom. Ils m’ont promis qu’ils changeront mon nom après. J’ai fait six mois sans salaire. C’est au mois de février 2019 que j’ai reçu mon premier salaire 1 million 850 mille francs guinéens avec un nom qui n’est pas le mien. Avec ce salaire, il ne m’a donné que 500 mille francs guinéens. Nous sommes très nombreux, c’est pourquoi j’ai accepté cela. Il m’a demandé encore de faire un prêt de 22 millions de francs guinéens. C’est lui qui gardait nos cartes magnétiques. Nous avons fait plusieurs mois dans cette situation. Un jour, le commissaire Ibrahima Sory Toure m’a mis aux arrêts, j’ai fait trois jours en garde à vue. Je travaille aujourd’hui sans salaire au commissariat… »

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