Seulement après quelques heures du lancement à l’intérieur, les relais du Groupe Fréquence Médias ont été bloqués sans aucun motif. A l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse ce 03 mai, le Directeur de la Radio FIM-FM a exprimé sa colère face à ce blocage des émissions de son média à l’intérieur du pays.

Talibé Barry a d’abord pris le contre-pied de Mme Aminata Kaba, ministre de l’information et de la communication qui, dans son discours à l’occasion de cette journée, s’est vantée du fait qu’aucun journaliste n’est a été emprisonné avec la junte.

« Le classement de la Guinée l’année dernière 84ème n’est pas étranger aux intentions affichées par le CNRD. Aujourd’hui la Guinée perd un rang et la ministre rappelait qu’il n’y a aucun journaliste en détention, mais ça ne veut pas dire pour au tant que nous exerçons ce qu’ils appeleront le plus beau métier du monde dans le meilleur monde possible. La presse guinéenne est justement engluée dans des difficultés conjoncturelles et environnementales qui font qu’on assiste à un statiquo. En tout cas pour la presse en général, si ce n’est d’ailleurs un recul en terme de moyens de développement et d’épanouissement de cette presse», a répliqué Talibé Barry dans l’émission Mirador, avant de revenir sur le cas spécifique du Groupe Fréquence Médias-Fim dont les relais sont bloqués.
« Il y a quelques médias certes qui caracolent en tête, mais nous, on sent des difficultés. On est confronté tous les jours aux difficultés financières, matérielles mais aussi administratives. Puisque parfois on regarde votre position, est-ce que vous êtes tendre avec l’Etat ? Est-ce que vous êtes pour ? Est-ce que vous êtes contre ? Pour vous donnez une simple autorisation pour des relais à l’intérieur du pays. Nous depuis combien de mois nous en sommes à être confrontés à ces situations. On ne veut pas faire le focus sur nous mais une autorisation en bonne et due forme nous a été remise et nous nous en sommes réjouis. Le lendemain, on a rappelé cette autorisation et on nous a dit: malheureusement vous ne pouvez pas émettre parce que politiquement ce n’est pas accepté», déplore le directeur général de la radio FIM FM.

« Pourquoi aujourd’hui on nous refuserait des autorisations pour nos relais à l’intérieur du pays ? C’est une plaie béante que je porte depuis plusieurs mois. C’est injuste, ce n’est pas normal, parce que ceux-là qui prétendent que nous sommes un média hostile, nous sommes un média hostile au refus de l’exclusion, au refus du dialogue, au refus en tout cas à la corruption, au détournement des deniers publics, à la mauvaise gouvernance. Oui nous sommes hostiles à ceux-là et nous l’assumons. C’est ce qui fait de nous des hors la loi, à qui on refuserait le droit d’avoir des relais à Labé, kindia, Boké, Kankan et autres…
Aujourd’hui, nous sommes condamnés à nous contenter des radios qui acceptent de relayer l’émission MIRADOR à l’intérieur du pays. Professionnellement, qu’à-t-on à nous reprocher ? Si on nous reproche quelque chose, qu’on saisisse la HAC. Si les gens estiment qu’on les a diffamés qu’ils saisissent la justice, nous sommes prêts à y répondre, parce que nous avons toujours dit ici: nous savons que nous ne sommes pas infaillibles, nous avons parfois des soucis par rapport au traitement de l’information. Et toutes les fois que la HAC nous a interpellés, nous avons eu l’humilité d’admettre justement que nous avons été moins à ceci ou à cela par rapport à tel ou tel autre sujet
».

Après avoir exprimé sa colère, le directeur général de Fim Fm conclut en interpellant le président de la transition.

« Le Colonel Mamady Doumbouya qui a dit que l’un de ses chemins de bataille c’est la lutte contre l’injustice, mon Colonel à votre nom, au nom de votre régime on nous prive du droit que nous avons, d’avoir nos relais à l’intérieur du pays. L’une des plus grandes fiertés de quelqu’un comme Aboubacar Sylla c’est d’avoir signé les premiers agréments des Radios. Donc mon Colonel vous avez des journalistes qui ne font que leur travail et qui ont le souci du développement de ce pays, qui ne sont pas des bouts de feu. Donnez-nous nos autorisations, on va lancer nos relais à l’intérieur du pays, parce que sinon, on vous accusera d’avoir comploté contre un média dont le seul souci est d’être dans la concurrence, de faire de l’information dans le respect de l’éthique et la déontologie», lance Talibé Barry au colonel Mamadi Doumbouya.

Olladi Ibrahim