Je n’ai jamais compris pourquoi les filles et fils d’un pays ne peuvent pas s’asseoir autour d’une table ou sous un « baobab » pour parler de ce qui les concerne ensemble. Je ne suis pas naïf, ma question est rhétorique. Je connais un partie de la raison. L’égoïsme, l’instinct grégaire, le sexisme, les préjuges ethniques et culturels.
Ceci n’est pas une accusation collective de tous les participants à la transition courante en Guinée. Je connais un bon de participants qui sont compétents et intègres et qui sont engagés dans ce processus pour le bien-être de la Guinée toute entière. Cependant, je dois avouer que je suis surpris de la légèreté avec laquelle le CNT a abordé la question de la durée de la transition et la démagogie, au sens propre du mot, qui a entouré la question de notre « conversation » nationale.
En avril 2022, l’Association Guinéenne des Sciences Politiques[1] a conduit et publié un sondage scientifique sur la transition. A peu près un « Guinéen sur deux (46,69%) préfère une transition de deux ans contre un quart (24,82%) qui souhaite une durée n’excédant pas une année. » Ainsi, la majorité des Guinéens (72%) ont opté pour une transition d’un à deux ans. Au lieu de recourir à nos experts nationaux, le CNT, a fait un sondage en utilisant un échantillon de convenance.[2]
Maintenant, nous sommes confrontés à une réalité qui nous interpelle avec urgence. Des factions qui existaient déjà en sourdine se révèlent maintenant en pleine vue. Voulant détruire et enterrer pour toujours le regime dictatorial que notre Armée a mis hors d’état de nuire en Septembre 2021, nous avons maintenant recours au slogan du régime défunt « nous préférons l’ordre à la loi » comme modus operandi. Pas de marche pacifique, pas de conversation contradictoire, pas de boussoles judicaires. Le CNRD nous demande simplement de leur faire confiance.
Pas de raison pour nous poser des questions essentielles à la survie de notre nation, comme celles qui suivent :
- La Guinée, que faut-il faire pour l’éducation de nos enfants ?
- La Guinée, que faut-il faire pour la mise en place d’une justice indépendante?
- La Guinée, que faut-il faire pour notre économie agricole ?
- La Guinée, que faut-il faire pour que toutes nos populations bénéficient de nos ressources naturelles (minières) et autres ?
- La Guinée, que faut-il faire pour les femmes Guinéennes?
- La Guinée, que faut-il faire pour la protection physique de nos citoyens ?
- La Guinée, que faut-il faire pour l’accès aux services sanitaires pour nos populations ?
- La Guinée, que faut-il faire pour nos infrastructure routières, ferroviaires, aéroportuaires ?
- La Guinée, que faut-il faire pour limiter le nombre de parti politique ?
- La Guinée, que faut-il faire pour éliminer l’ethnocentrisme dans notre vie politique?
Le CNRD nous dit simplement : Silence, on travaille !
Le FNDC a raison de sonner l’alarme avant que notre navire commun ne dérive. Notre mobilisation pacifique est essentielle pour la survie de la Guinée. Je marcherai pour la Guinée. Patriotisme oblige !
Pour une Guinée Unie et Prospère.
Prêt à Servir pas se Servir !
Docteur Abdoulaye Bah
Professeur d’Université aux États Unis, Ret.
Ancien chef de Chaire du Département des Sciences Sociales et Comportementales
Directeur, Centre pour la santé Comportementale et la Résilience
Université de Lincoln
Jefferson City, Missouri USA
Columbia, MO USA
[1] Cette étude s’inscrit dans le cadre du « Programme d’Appui à la Gouvernance Politique et Démocratique en Guinée » qui consiste, depuis le 05 Septembre, de faire l’état de l’opinion sur la transition. Pour la réaliser, un sondage a été conduit du 15 au 28 mars 2022 auprès de 1906 Guinéens âgés de 18 ans et plus.
[2] Un échantillon de convenance est un échantillon choisi lors d’une étude pour des raisons pratiques d’accessibilité et de coût plutôt que basé sur une rigueur méthodologique et une volonté d’assurer statistiquement une représentativité.