Le journaliste d’investigation français Thomas Dietrich se retrouve au cœur d’une bataille judiciaire, symbole des tensions entre liberté de la presse et intérêts économiques. Son procès pour diffamation, intenté par Addax Energy et son propriétaire, le milliardaire franco-suisse Jean-Claude Gandur, se tiendra demain, lundi 18 novembre 2024, au tribunal civil de Genève.

Dans un article publié le 15 novembre par le site Guinée360, Thomas Dietrich a révélé un scandale majeur : l’importation de carburant toxique en Guinée, un acte qui met en lumière des pratiques controversées du trader pétrolier Addax and Oryx Group (AOG). Ces révélations ont suscité l’indignation, notamment de la société civile guinéenne, qui dénonce les effets dévastateurs de ces pratiques sur la population.

Le Réseau National des Acteurs du Développement Durable (RENADE) s’est joint aux voix qui soutiennent Thomas Dietrich. Dans un communiqué, il qualifie ces poursuites d’”intimidations et de harcèlement judiciaire”. L’organisation appelle la justice suisse à agir avec impartialité et à tenir compte des conséquences de ces actes sur les populations vulnérables.

La société civile guinéenne, également mobilisée, exhorte le tribunal à privilégier la vérité et à ne pas céder aux pressions des multinationales. Elle rappelle que la Guinée souffre lourdement des conséquences de la corruption et de l’utilisation de carburant frelaté, des accusations documentées par plusieurs enquêtes journalistiques et organisations locales.

Ce procès dépasse la personne de Thomas Dietrich et pose une question cruciale : celle de la défense de l’intérêt général face à des intérêts privés. L’enjeu est double : préserver la liberté de la presse et exiger des comptes des multinationales sur leurs pratiques.

Le tribunal de Genève a entre ses mains une affaire emblématique où la justice pourrait réaffirmer son rôle de garant des droits humains et de la transparence. Alors que la société civile guinéenne et les défenseurs de la liberté de la presse soutiennent Thomas Dietrich, ce procès sera scruté de près, non seulement par les parties concernées, mais aussi par ceux qui croient en une justice impartiale et équitable.