Les examens nationaux session 2023 débuteront le 5 Juin. L’annonce a été faite de l’éducation par le ministère sur sa page officielle. Pour cette session 2023, le ministre avait déjà annoncé les couleurs. C’etait lors du lancement des épreuves du concours Miss Mathématique le 13 Mars dernier. Selon le ministre, les salles des examens seront équipées de caméras de surveillance. Cela permettrait « d’appuyer les efforts des enseignants commis à cette tâche ». Cette mesure prise par le département permet-elle de qualifier notre système éducatif? Combien cela va couter à l’état? Toutes les salles seront-elles couvertes par les cameras ? sont autant de question que l’on se pose après l’annonce faite par le ministre.

Les examens nationaux représentent l’étape finale d’une année scolaire. Pendant cette période, l’on tente d’évaluer le niveau des apprenants. L’année dernière, les examens se sont soldés par un échec catastrophique. Cet échec global, etait un marqueur indiscutable du délitement de notre système éducatif depuis des décennies. Malgré cela, le ministère en charge de l’éducation ne semble pas tirer les bonnes leçons afin d’apporter des solutions adéquates. S’il est vrai que l’on doit renforcer l’organisation des examens, force est de constater que cela ne constitue pas la baguette magique pour résoudre la crise qui mine ce secteur.
D’ailleurs, l’échec de l’an dernier met en relief non seulement la faiblesse des apprenants mais aussi et surtout les défaillances de tout un système. A ce propos, le constat des spécialistes est clair: Quand l’échec dépasse les 50%, dans bien des cas, la responsabilité revient aux enseignants. Autrement dit, pour les internalistes, la réussite de l’élève à l’école dépend généralement des facteurs internes à celle-ci. Parmi lesquels l’on peut citer le niveau des formateurs, la qualité de la formation, sans oublier les moyens déployés pour mieux qualifier le système. Si tous ces facteurs sont réunis, un examen ne sera qu’une formalité pour des apprenants bien formés.

Le Ministre Guillaume en misant tout son effort sur l’organisation des examens, tente de bifurquer à gauche alors que les problèmes de notre système éducatif se trouvent à droite. Bref, l’installation des caméras dans les salles de classe ne résoudra pas le délitement programmé de notre système éducatif. Ce montant qui sera débloqué peut servir à mieux qualifier le système en investissant dans la formation des formateurs.

Combien d’enseignants travaillent dans des conditions difficiles? Combien d’élèves étudient dans des conditions horribles? Combien de salles de classes sont délabrées à Conakry comme à l’intérieur du pays ? Combien d’enseignants ont réellement le niveau requis pour former ? Avant de penser à l’installation des caméras dans les salles d’examen, le ministre Guillaume devrait d’abord régler ces problèmes en amont. la qualification du système éducatif guinéen nécessite de faire un toilettage à tous les pans du système. Ne d’it-on pas que le mal se traite à la racine? les solutions pour rehausser le niveau de notre système éducatif sont connues. Le ministre Guillaume Hawing doit arrêter la « mamaya éducative » ou des solutions « tape à l’œil » pour régler un problème aussi délicat et primordial.

Selon le dernier rapport produit par Commission Nationale de Réflexion sur l’éducation ( CNRE) en 2017, la solution aux problèmes du système éducatif est simple
Il s’agira de prioriser la question enseignante par :
⦁ l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants ;
⦁ le renforcement des capacités des institutions de formation des formateurs ;
⦁ la réactualisation du mode de recrutement à la fonction publique, de promotion, de formation continue et de déploiement pour le corps du secteur éducatif.
– financer autrement le système éducatif par :
⦁ La hausse de la part du PIB allouée à l’éducation et le rééquilibrage des allocations budgétaires par ordre d’enseignement et entre le secteur public et le privé ;
⦁ L’inscription de l’éducation nationale et de l’amélioration de la qualification des ressources humaines au rang de première priorité nationale ;
⦁ La responsabilisation et l’imputabilité des acteurs dans la gestion des fonds alloués ;
⦁ la traçabilité des ressources en termes de recettes et de dépenses à travers l’implication de tous les acteurs de l’école ;
⦁ La recherche de sources innovantes de financement par voie de plaidoyer (sociétés de téléphonie mobile, sociétés minières, sociétés de jeux et de loisirs, etc.) ;
⦁ l’institutionnalisation et la systématisation de la pratique des activités génératrices de revenus dans le développement des établissements de formation.
– planifier et mettre en œuvre des stratégies de développement du secteur de l’éducation sur la base de statistiques fiables et exhaustives pour ressortir les besoins réels du système éducatif en déterminant de façon régulière :
⦁ les taux de réussite en classe supérieure et en classe d’examen ;
⦁ le taux brut de scolarisation ;
⦁ le taux d’achèvement du cycle primaire et de l’éducation de base ;
⦁ le ratio élèves/maître, élèves/classe, élève/manuels, etc.
⦁ Le taux d’alphabétisation des populations.
En somme, si les parents « d’élève se lèvent tôt pour préparer leurs enfants et les conduire à l’école, et se couchent tard pour surveiller leurs devoirs, c’est dans l’espoir que leurs enfant apprendront les fondamentaux à l’école » à savoir: à lire, à écrire et à compter. Ils espèrent aussi que les enfants recevront une formation de qualité leur permettant de trouver un emploi décent à la fin de leur cycle. De nos jours, l’école guinéenne répond -elle à cette exigence? la réponse est non. C’est pourquoi de véritables réformes doivent être entreprises. Miser essentiellement sur l’étape finale qui est l’organisation des examens, dans le processus d’apprentissage est une façons de dévier le vrai problème de notre système éducatif. Investir dans les caméras de surveillance est un gaspillage inutile des ressources de l’état.

 

Sonny Lakata Camara