Plus d’un demi-siècle de relation sans résultats probants, l’Afrique devrait s’arrêter aujourd’hui pour revoir de fond en comble son système de collaboration avec le pays du Général Charles De Gaulle.

 

Le berceau de l’humanité se targue souvent de son indépendance. Alors qu’il n’en est rien ! Il est toujours sous le joug colonial français.

 

Du fait du formatage et de la déconstruction structurellement pensée de notre appareil éducatif scolaire, les esprits restent encore enchainés en Afrique.

 

A vrai dire, tant que les esprits ne seront pas définitivement décolonisés, tant que ce sont les autres qui décideront du sort de notre continent, nous continuerons à tourner en rond comme un poulet qui reçoit une pierre en pleine tête, ça va dans tous les sens, mais le développement escompté tardera toujours à venir.

 

L’Afrique est encore sous la tutelle mortifère française. Le pillage des ressources naturelles du continent, comme le disait le Directeur de Health of Mother Earth Foundation, constitue une nouvelle vague de colonisation en Afrique.

 

La françafrique ?

 

Entre la France et ses anciennes colonies, ce n’est aucunement une histoire d’amour, comme le brandissent souvent les dirigeants français, mais plutôt une relation d’asservissement économique, politique, militaire et culturel. Si fait que, entre les discours tenus aux Champs-Elysées et les activités menées sur le terrain, un fossé incommensurable et révoltant est perceptible.

 

La françafrique en est un exemple illustratif. En effet, savamment élaborée par Charles De Gaulle et entretenue à la perfection par ses différents successeurs, cette nouvelle forme du colonialisme fondée sur le « Foccartisme » permet à l’Hexagone de garder son hégémonie sur le pré-carré de ses anciennes colonies.

 

Immorale et esclavagiste, la Françafrique, en plus de défendre les intérêts de l’hexagone, favorise la migration et la dépendance du continent depuis les années 1960.

 

En d’autres termes, cette relation occulte de l’État français avec ses anciennes colonies d’Afrique et du Maghreb est un peu comme le rapport entre le moustique et l’humain. Le moustique se nourrit du sang de l’humain et pour le remercier, il lui laisse une pestilence potentiellement mortelle. Et de la même manière, quand la France finit de servir de l’Afrique, la conséquence, celle-ci reste maintenue en permanence sous sa perfusion économique et financière avec des conditions léonines.

 

L’existence du néocolonialisme français en Afrique n’est plus à démontrer. Il existe et continue encore de résister au temps. Pour preuve, la France ne dispose-t-elle pas du pétrole gabonais, sénégalais, ivoirien, tchadien etc…, de l’uranium nigérien, des ports béninois, togolais, sénégalais, ivoirien etc…, avec un régime d’exportation fulgurant sur fond de tensions socio-politico-militaires, ourdies par elle à dessein ?

 

Aucun des pays suscités ne peut exploiter ses sous-sols ni négocier avec un quelconque pays dans le cadre de l’exploitation de leurs minerais, sans l’aval préalable de la France.

 

A l’occasion du bicentenaire de l’empereur Napoléon Bonaparte, les autorités françaises décident de célébrer ce grand esclavagiste. Une manière de dire implicitement qu’elles assument fièrement ce triste héritage et se reconnaissent parfaitement dans ces pratiques, car la françafrique n’est que la petite-fille de l’esclavagisme.

 

Pour la célébration de cette humiliation devant se tenir à Montpellier sur la relance de l’économie africaine, nous assistons déjà la parade, avec fierté, des chefs d’État africains qui n’hésitent pas à courber l’échine devant un Monsieur qui a l’âge de leurs enfants, comme pour dire qu’ils sont eux-mêmes complices de cette situation.

 

Les Présidents africains, par déférence pour leurs peuples, devraient décliner cette invitation et dire à la France d’aller se faire voir ailleurs tout simplement, car répondre à ce rendez-vous folklorique de Paris, c’est de prouver une fois encore qu’ils ne sont toujours pas disposés à assumer notre souveraineté. Malheureusement, certains y sont déjà.

 

L’indépendance, la vraie, ne se limite pas qu’aux simples slogans. Elle se vit, s’assume pleinement.

 

Le continent souffre d’un mal chronique : le manque de courage consistant à assumer avec fierté notre souveraineté et de traduire cela dans nos relations de tous les jours avec les autres Nations. Cette pandémie fait plus mal au continent que le palu et le covid-19.

 

Les pays africains doivent avoir une compréhension collective de leur situation afin d’exiger des autres Nations des relations équitables.

 

Il est incompréhensible et inadmissible qu’à l’ONU, l’ancienne puissance colonisatrice continue d’avoir l’initiative des résolutions concernant le continent.

 

Pour faire aboutir son plan de domination financière, la France, depuis les années 1960, est garante de la monnaie de quatorze (14) pays africains se disant indépendants. Ces avantages injustement obtenus constituent une épée de Damoclès pour nos États.

 

C’est pourquoi, si nous voulons amorcer un réel élan de développement, cela doit impérativement passer par la rupture du cordon ombilical avec la France. Cette membrane qui en principe devrait créer l’amour et protection s’est révélée nocive, car c’est par elle que l’Afrique a été esclavagisée, puis colonisée et continue d’être pillée.

 

Polarisée sur l’accaparement de nos matières premières, la politique impérialiste menée par la France vis-à-vis de ses anciennes colonies est une catastrophe tout simplement. Comme l’écrivait Aimé Césaire :« le malheur de l’Afrique c’est d’avoir rencontré la France. »

 

Tristement, ce pays esclavagiste fait fortune, depuis fort longtemps, sur la misère des peuples africains.

 

Au-delà de la réduction du continent à sa plus petite expression au bénéfice de quelques individus qui confisquent, pillent les ressources du continent comme bon leur semble, la France plonge le continent dans l’abime et le chaos puis, profite de cette cacophonie pour s’accaparer de nos matières premières.

 

Il est d’une vérité niaise que tant que l’Afrique ne décomplexe pas ses relations avec la France en traitant d’égal à égal avec elle, nos espoirs ne seront que désillusions. L’Afrique noire doit prendre son destin en main pour venir à bout de ses problèmes de développement socio-économiques.

 

En plus de redéfinir la relation entre elle et le pays de Charles De Gaulle, l’Afrique devrait aujourd’hui exiger de cette puissance asservisseuse de lui rendre ce qu’elle lui a dérobé pendant plus de quatre (4) siècles d’assujettissement.

 

D’ailleurs, à quoi bon de continuer à entretenir une relation qui ne nous apporte que désastre ?

 

Aujourd’hui, l’étudiant francophone maitrise mieux l’histoire de la France que sa propre histoire. Il suffit de lui demander de parler de la bataille de woyowayako pour se rendre compte de ses limites. Cette faute grave est imputable à nos dirigeants qui ont préféré calquer les contenus des programmes enseignés aux étudiants français. Nous devons sortir de cet obscurantisme en travaillant à changer les paradigmes.

 

Par ailleurs, le modèle rwandais devrait inspirer toute l’Afrique pour la simple raison que si une langue n’aide pas à s’épanouir, il faut la changer littéralement.

 

À l’image du pays de Paul Kagamé, l’Afrique devrait changer les langues coloniales et renforcer ses partenariats avec les puissances comme les USA, la Chine, la Russie. Ce sera une belle manière de sanctionner ceux qui nous ont réduits à l’esclavage à un moment donné de notre histoire.

 

Bref, plutôt que de se limiter aux slogans ronflants, tels que ‘’…nous sommes des États indépendants…’’, les dirigeants africains feraient mieux de guerroyer pour la reconnaissance de l’esclavage et la colonisation comme crimes contre l’humanité et sa réparation. Débutons par refuser le remboursement de nos créances vis-à-vis de la France, en compensation d’une partie des crimes commis sur le continent pendant les quatre (4) siècles d’esclavage et de colonisation.

 

Sayon Mara, Juriste