Si j’ai pris le soin de vous adresser cette lettre ouverte , c’est que je le fais en tant que citoyen guinéen. Je ne m’adresse pas à vous en qualité de sécrétaire national de la jeunesse de l’UFDG; au sein du parti , il existe des canaux de communication. Comme je ne parle d’un sujet afférent au parti , alors je vous interpelle. Je pourrais faire allusion à ce que nous avons en commun, le parti et ses valeurs, mais ces évocations ne servent qu’à vous rappeler ce que vous savez du sujet que j’aborde et que vous pourriez avoir sur votre conscience.
Monsieur le Maire, un de vos collaborateurs, Monsieur Souleymane Diallo , nommé par vous-même comme administrateur du marché de Taouyah s’est donné la mort par pendaison. Il était membre du parti , le même que vous : l’UFDG. Il fut un des membres du comité de soutien à votre élection à l’éxecutif communal de Ratoma. Il était chargé de cours dans les universités privées. Il était d’un engagement sans faille quand il s’agissait de défendre les valeurs du parti . Alors , il ne se demandait pas s’il y avait à gagner pour son compte dès lors que les intérêts du parti étaient en jeu. Il était l’un des huits jeunes du parti qui avaient été arrêtés devant le Ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation alors qu’ils protestaient contre l’annulation de la victoire de M. Kalemodou Yansané à l’éxecutif communal de Matoto par M. Bourema Condé. Alors que 500 jeunes du parti avaient été annoncés à cette manifestation pacifique , seulement 39 avaient répondu à l’appel. Souleymane Diallo était dans les premières lignes . Il y fut arrété avec moi et mis en prison de nombreuses semaines.
Monsieur le Maire , après que vous l’avez nommé administrateur du marché de Taouyah , vous l’avez dépouillé de toutes ses prérogatives au profit de vos amis. Il était réduit à néant et vivait un grand désespoir qu’il a tu et qui s’est exprimé par le drame affreux qui en a résulté.
Monsieur le Maire, derrière le suicide, se cache un message , celui de la préférence de la mort souvent violente et imminente à sa condition. Quel triste message ! Les raisons d’un tel choix doivent être identifiés, compris pour qu’il ne se perpétue pas . Le suicide n’est pas un acte anodin.
Monsieur le Maire , un collaborateur dont les prérogatives ne valent rien que le titre , qui n’a pas accès à celui qui le nomme , qui n’est pas écouté par ses collaborateurs , qui se sent méprisé et inutile vit un calvaire qu’il finit par gravir.
Sans nul doute, vos actions néfastes sont pour quelque chose dans le suicide de Souleymane. Quelles que fussent les raisons pour lesquelles il s’est donné la mort, le Maire que vous êtes aurait dû se rendre dans sa famille pour lui exprimer votre compassion . Il fut votre collaborateur , un de vos grands soutiens, un membre de votre parti politique , un citoyen de votre commune . En vous refusant toute présence dans sa famille pour y présenter vos condoléances , vous montrez le mépris que vous n’avez cessé d’avoir à son égard. Ce ne serait pas trop si je vous dis que vous méprisez la jeunesse de l’UFDG et celle de la commune que vous dirigez. Nul besoin de vous rappeler que Souleymane Diallo était aussi un membre actif du CNJ-UFDG, du bureau fédéral de Ratoma 1 et un citoyen respecté de Ratoma pour son éducation . Au-delà de sa personne , il faudra admettre que vous méprisez les jeunes et êtes indifférent à ce qui les touche et insensible à l’épreuve qui frappe vos collaborateurs. Votre acte est inhumain et montre que vous n’êtes pas attentif aux cris de coeur de ceux placés sous votre administration.
Monsieur le Maire , comment avez-vous pu ne pas être affecté par ce drame ? Comment avez-vous pu être insensible à la mort tragique de Souleymane que vous connaissez bien et qui vous a toujours renouvelé son soutien ?
J’espère que l’UFDG en tirera toutes les conséquences. Il est évident qu’il existe un fossé entre vous et les citoyens de votre commune . Pour la prochaine élection communale , il serait souhaitable de ne plus préférer Monsieur Issa Soumah aux jeunes du parti de Ratoma dont les compétences , valeurs humaines sont indéniables et surpassent celles du présent Maire. Comme il est méprisant vis-à-vis de la jeunesse du parti , insensible à ses peines , alors nous lui rendrons la pièce de sa monnaie.
Si je me suis résolu à rédiger cette lettre ouverte, c’est que je veux rester fidèle aux valeurs pour la défense desquelles je me suis engagé en politique. Si j’ai choisi de m’engager auprès du Président Cellou Dalein Diallo et que je me bats pour qu’il soit Président de la Guinée , c’est que j’ai la ferme conviction qu’il sera le Président de la réconciliation nationale, du décollage économique de notre pays , de la justice et surtout de la défense humaine. J’ai toujours trouvé en lui un homme plein d’humanité et de compassion envers tous, même ceux qui le combattent injustement. Quand un de ceux à qui il a placé sa confiance et que nous avons défendu la candidature manque d’humanité envers un des jeunes du parti , un de ses collaborateurs , membre de la structure juvenile du parti , alors un sentiment d’indignation m’envahit. C’est celui-là que j’ai bien voulu exprimer dans cette lettre ouverte qui est une invite à la compassion, à la gratitude et aussi à l’humanité autant de valeurs qu’enseignent le Président Cellou Dalein Diallo.
Mohamed Bakary Keita
Citoyen et ami de notre regretté Souleymane Diallo