L’ambition de séduire et de plaire, par tous les moyens, d’avoir l’estime de l’opinion, surtout d’avoir la confiance du Président, pousse beaucoup de nouveaux dirigeants à verser dans la surenchère et à se laisser tenter par la propagande, digne des régimes staliniens. Le ministre de l’économie et des finances ,sous le régime de la transition, est passé maître dans l’art de s’auto-satisfaire de ses prétendues performances. Il se comporte en vendeur d’illusions qui oublie qu’on est à une époque où personne ne peut plus tromper personne.
Alors que les Guinéens, ont mal au portefeuille et voient chaque jour leur pouvoir d’achat se réduire comme peau de chagrin, le ministre de l’économie et des finances, lui, estime qu’ils vivent heureux et mieux comme jamais. A l’image de Louis XVI qui, calfeutré dans son palais et vivant dans le faste , n’avait pas vu venir la révolte de son peuple affamé qui les a conduits à la guillotine, son épouse Marie Antoinette et lui. Moussa Cissé enivré par la fonction ministérielle dont il a tant rêvé, ne voit pas que ses concitoyens tirent le diable par la queue. Normal, qu’il puisse imaginer que comme lui depuis son entrée dans le Gouvernement, tous les Guinéens ont un pouvoir d’achat plus important que par le passé, mènent grand train bien servis. Le bonheur aveugle et corrompt.
Le Ministre de l’économie et des finances, encore dans l’ivresse du pouvoir, , espère pouvoir obtenir de la Banque mondiale, qu’elle finance pour la Guinée, des routes nationales et des barrages hydroélectriques, alors que l’institution a renoncé à ce type de financement depuis belle lurette. Pour les beaux yeux de Moussa Cissé, la Banque Mondiale renoncera certainement à ses principes et à son cahier des charges. Avant lui, d’autres plus haut placés, disposant de plus de pouvoirs et d’ambitions pour leur pays, avaient été déboutés.
Moussa Cissé, préfère voir midi à sa porte que d’écouter le cri de cœur de ses concitoyens, de plus en plus, éprouvés par la chèreté de la vie.
Le ministre, est si clairvoyant et sûr d’être à son poste pour très longtemps encore, qu’il voit la Guinée sous son magistère, bien sûr, devant le Sénégal , grâce à l’exploitation prochaine et aléatoire aussi du Simandou. Il oublie au même moment que ce voisin qu’il sous-estime, dans sa vanité, a le gaz et le pétrole comme ressources assurées dans un futur très proche et contrairement à la Guinée, connaît une stabilité institutionnelle qui « résiste au temps et à la tentation des hommes ». L’économie, c’est aussi la confiance dans un pays et la solidité de ses institutions.
Lui-même, a relevé les prouesses des économies ivoirienne et sénégalaise, nettement au-dessus, des résultats, en dents de scie, d’une économie guinéenne qui s’est toujours prévalue de ses bons indicateurs sans le moindre impact encore sur la qualité de vie de populations qui vivent depuis toujours dans la précarité, tandis que les élites se la coulent douce. Quand ça marche pour les gouvenants, c’est que personne ne souffre est la maxime qu’on peut prêter à l’argentier du pays.
Moussa Cissé, parle d’une inflation à un chiffre alors qu’il est de notoriété publique que ce tableau idyllique est loin de la réalité connue de tous , vécue aussi, au quotidien notamment à travers la flambée des prix, une des manifestations de l’inflation qui serait aujourd’hui, maîtrisée. L’autre indicateur de la vitalité d’une économie dans un pays dépendant de l’extérieur, en biens et services, est le volume des importations.
Or, celles-ci, ces derniers mois, ont drastiquement baissé, témoignant ainsi du ralentissement de l’activité économique avec pour conséquence, un chute libre des recettes. Au même moment, les dépenses explosent , avec les grands travaux, lancés, tous azimuts.
Selon un rapport officiel, plus de 3000 contrats et marchés publics, ont été passés, en peu de temps, le plus souvent dans une opacité totale et avec des surfacturations hallucinantes. C’est le fonds qui manque le moins. D’où le recours à des prêts notamment, auprès du système bancaire local . Le seuil d’endettement du pays, est ainsi aggravé. Ce revers de la médaille est occulté volontairement par le grand ministre parce qu’on y verrait la dure réalité qui le dément.
Moussa Cissé, très présent dans les médias, qui se présente comme un nouveau faiseur de miracles, ne dit rien du niveau d’endettement actuel du pays, d’une manière plus générale, de l’état des finances publiques, en ayant, pour une fois , de l’honnêteté dans ses propos : il a hérité de caisses pleines, à craquer.
Les intentions et promesses de financement comme les projections ambitieuses peuvent flatter l’égo d’un ministre ou contribuer à tromper la vigilance d’un Chef d’Etat, de bonne foi, mais, ne font pas les bons comptes publics et ne feront pas non plus le bonheur ni la prospérité des populations. Il y a un énorme fossé entre les chiffres brandis, vantés et les complaintes des citoyens. Ce décalage entre l’illusion du succès et la réalité de l’échec a « tué » de nombreux régimes. Attention, au réveil brutal d’un peuple, réputé résigné , dont le silence et la passivité ont souvent été confondus à un satisfecit pour les Gouvernants si ce n’est la preuve qu’il est satisfait et comblé.
En attendant, Moussa Cissé, jonché sur son petit nuage, peut continuer à faire ses plans sur la cométe comme devenir ministre de l’économie, des finances et du budget ou Premier ministre voire succéder à son mentor, Mamadi Doumbouya.
Le Professeur Alpha Condé avait parié sur des jeunes qu’il croyait sont des saints qui se voient aujourd’hui dans le fauteuil qu’il occupait.
En Guinée, on ne s’arrête jamais à un rêve réalisé , parce que chacun s’est maintenant convaincu avec tout ce qu’on voit et qui arrive que ce qui est impossible ailleurs est bien possible au pays de Moussa Cissé et de ses merveilles…
Mamoudou Smith Kanté, le philanthrope.