Les trois pays dirigés par des juntes militaires issues de coups d’Etat ont été suspendus de ces instances pour ne pas avoir respecté leurs engagements de tenir rapidement des élections.
Ils ont décidé d’unir leurs forces. Le Burkina Faso, le Mali et la Guinée ont appelé, jeudi 9 février, dans une déclaration commune à la levée de leur suspension de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et de l’Union Africaine (UA).
Ces trois pays, dirigés par des juntes militaires issues de coups d’Etat,« ont convenu de mutualiser leurs efforts et d’entreprendre des initiatives communes pour la levée des mesures de suspension et autres restrictions »prises par la Cédéao et l’UA, indique cette déclaration rédigée à l’issue d’une rencontre de leurs ministres des affaires étrangères à Ouagadougou.
Ils avaient étésuspendusde ces deux organisations après la prise du pouvoir par des militaires à la suite de coups d’Etat, deux fois en 2020 et 2021 au Mali, en 2021 en Guinée et deux fois en 2022 au Burkina Faso.
Face au refus de ces différentes juntes d’organiser des élections rapidement pour rendre le pouvoir aux civils, la Cédéao a multiplié les sommets, les missions et les pressions pour abréger les périodes dites « de transition » dans ces pays. Le Mali et la Guinée avaient en outre été soumis à d’autres sanctions, en partie levées depuis.
Menace djihadiste
Aujourd’hui, les trois juntes mettent en avant la menace djihadiste pour appuyer leur demande de réintégration dans les instances régionales africaines. « Dans le cadre de la lutte contre l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne », les trois ministres « ont relevé la nécessité de conjuguer leurs efforts et ceux des pays de la sous-région et de la région pour faire face à ce fléau », précise la déclaration, lue par la cheffe de la diplomatie burkinabée, Olivia Rouamba.
MmeRouamba, le Malien Abdoulaye Diop et le Guinéen Morissanda Kouyaté déplorent par ailleurs des« sanctions imposées de façon mécanique qui ne tiennent pas compte des causes profondes et complexes des changements politiques ». Ces sanctions« touchent des populations déjà meurtries par l’insécurité et les instabilités politiques, privent la Cédéao et l’UA de la contribution des trois pays nécessaire pour relever les défis majeurs, et portent atteinte à la solidarité sous-régionale et africaine qui constitue le principe cardinal de l’intégration, de la coopération régionale et continentale ».
Ils en appellent« à un appui technique et financier concret et conséquent aux efforts de sécurisation et à accompagner le processus de retour à un ordre constitutionnel ». Selon M. Kouyaté,« nous appartenons déjà à des instances, la Cédéao et l’Union africaine, nous n’allons pas réinventer la roue ».
Rapprochement avec la Russie
La rencontre de Ouagadougou est intervenue deux jours après la visite mardi au Mali du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a promis son aide« à la région sahélo-saharienne et même aux pays riverains du Golfe de Guinée ».
Les deux pays se sont rapprochés de la Russie. Selon les Occidentaux, des mercenaires dugroupe russe Wagner sont déployés au Mali,ce que dément Bamako qui reconnaît uniquement la présence d’instructeurs russes.
Le capitaine Ibrahim Traoré, chef de l’Etat burkinabé, a également démenti la présence de mercenaires de Wagner au Burkina, affirmant que« nos Wagner, ce sont les VDP », Volontaires pour la défense de la patrie, les supplétifs civils de l’armée.
Comme le Mali, le Burkina Faso vient de demander le départ des 400 membres des forces françaises de son territoire, sans pour autant envisager la rupture des relations diplomatiques avec la France. L’ex-puissance coloniale dans la région est l’objet de virulentes campagnes de dénigrement dans ces pays.
Avec Le Monde