C’est une nouvelle révélation potentiellement explosive pour le gouvernement de Jair Bolsonaro. Roberto Dias, un haut fonctionnaire, directeur de la logistique au ministère de la santé brésilien, a réclamé des pots-de-vin au représentant d’un fournisseur de vaccins contre le Covid-19, rapporte le quotidien Folha de Sao Paulo.
Luiz Paulo Dominguetti, représentant de l’entreprise Davati Medical Supply, a assuré à ce journal de référence au Brésil avoir proposé au gouvernement de lui vendre 400 millions de doses du vaccin d’AstraZeneca.
Il aurait rencontré Roberto Dias dans un restaurant d’un centre commercial de Brasilia, et ce dernier lui aurait demandé de lui verser un dollar par dose de dessous-de-table pour conclure la vente, qui n’a finalement pas eu lieu car M. Dominguetti a refusé de payer cette somme.
Mardi soir, peu après la publication de l’article de Folha de Sao Paulo, M. Dias a été limogé du ministère. Le laboratoire AstraZeneca a expliqué, dans un communiqué, qu’il n’utilisait jamais d’intermédiaire pour proposer des vaccins à des gouvernements.
Le gouvernement brésilien a par ailleurs noué, depuis plus d’un an, un partenariat avec AstraZeneca pour la production locale du vaccin à la Fondation Institut Oswaldo-Cruz (Fiocruz) de Rio de Janeiro par le biais d’un transfert de technologie.
Commission d’enquête sur la gestion de la pandémie
Cette nouvelle accusation s’ajoute à une longue liste d’irrégularités présumées sur lesquelles se penche depuis deux mois une commission d’enquête parlementaire (CPI) sénatoriale sur la gestion de la pandémie, qui a fait plus d’un demi-million de morts au Brésil. « C’est une accusation grave. Nous allons convoquer M. Dominguetti à une audience de la commission vendredi », a tweeté, mardi soir, Omar Aziz, président de la CPI.
La semaine dernière, un autre fonctionnaire du ministère de la santé a dit avoir subi des « pressions atypiques » pour approuver l’importation de doses du vaccin indien Covaxin qu’il jugeait surfacturées. Devant la CPI, ce fonctionnaire et son frère, le député Luis Miranda, ont révélé avoir fait part de leurs soupçons à Jair Bolsonaro, mais aucune mesure n’aurait été prise par le président.
Lundi, trois sénateurs ont déposé devant la Cour suprême une demande d’ouverture d’enquête contre le chef de l’Etat pour « prévarication ». Cette demande a été transmise par Rosa Weber, magistrate de la haute cour, au bureau du procureur de la République Augusto Aras, un allié de Jair Bolsonaro. L’adjoint de M. Aras a déclaré, mardi soir, qu’il se refusait à ouvrir une enquête tant que la CPI était en cours, pour éviter tout « conflit » entre les investigations.
Des manifestations sont prévues à Brasilia, mercredi, et les représentants de plusieurs partis d’opposition ont l’intention de déposer au Parlement une « super demande de destitution » de M. Bolsonaro.
Plus de cent vingt demandes similaires ont déjà été déposées, mais la procédure ne sera ouverte que si le président de la chambre basse, Arthur Lira, décide de la soumettre au vote. Ce dernier est, lui aussi, un allié de M. Bolsonaro.