Israël et le Hamas ont chacun annoncé avoir approuvé un accord de cessez-le-feu visant à mettre fin à plus de dix jours d’affrontements meurtriers. Il est entré en vigueur ce jeudi 20 mai à 23h TU
Les autorités israéliennes ont indiqué dans un communiqué que le cabinet de sécurité « a accepté à l’unanimité la recommandation de l’ensemble des responsables sécuritaires d’accepter l’initiative égyptienne de cessez-le-feu bilatéral sans conditions ». Le Hamas et le Jihad islamique, second groupe islamiste armé de Gaza, ont confirmé l’entrée en vigueur de cette trêve dès 2h locales vendredi (jeudi 23h TU). Sur le terrain aucune roquette n’a été tirée de bande de Gaza vers Israël qui n’a pas lancé de nouveaux raids dans l’enclave.
Selon des sources diplomatiques citées par l’AFP, l’Égypte est chargée de veiller au respect de ce cessez-le-feu. « Deux délégations égyptiennes seront envoyées à Tel-Aviv et dans les Territoires palestiniens pour surveiller (sa) mise en œuvre et le processus pour maintenir des conditions stables de manière permanente », ont-elles indiqué.
« Victoire » du Hamas ?
Le Hamas a revendiqué la « victoire » dans sa confrontation armée avec Israël, a affirmé un haut responsable du mouvement devant des milliers de personnes réunies vendredi pour des manifestations de joie à Gaza City, après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Les islamistes ont contraint plus de la moitié de la population israélienne à se réfugier, à un moment donné ou un autre, dans des abris et ils ont réussi à se présenter aux yeux des Palestiniens et du monde musulman comme les seuls défenseurs de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, le troisième lieu saint de l’Islam, raconte ainsi notre correspondant dans la région, Christian Brunel. Dès l’entrée en vigueur de la trêve, des milliers de Palestiniens ont célébré l’événement dans les rues du centre de Gaza City ainsi que des villes de la Cisjordanie occupée. De leur côté, les dirigeants israéliens se sont targués d’avoir détruit une centaine de km de tunnels creusés par le Hamas sous la bande de Gaza à des fins militaires et d’avoir tué de nombreux « terroristes »
Joe Biden a dit avoir félicité Benjamin Netanyahu pour avoir mis un terme aux hostilités en moins de onze jours. Le président américain a répété qu’il soutenait le droit d’Israël à se défendre contre les attaques du Hamas. Il a également adressé ses remerciements au président égyptien Sissi pour sa participation aux négociations. Il a enfin annoncé son intention de venir en aide aux palestiniens de Gaza.
Les États-Unis s’engagent à travailler avec les Nations unies et les autres acteurs internationaux concernés pour fournir une aide humanitaire internationale rapide à la population de Gaza et pour participer aux efforts de reconstruction à Gaza. Nous ferons ceci en partenariat total avec l’autorité palestinienne, d’une manière qui ne permette pas au Hamas de réapprovisionner son arsenal militaire. Je crois que les palestiniens et les israéliens méritent tout autant de vivre en toute sécurité, de bénéficier d’un même niveau de liberté, de prospérité et de démocratie. Mon administration va poursuivre sans relâche sa discrète diplomatie dans cet objectif. Je crois que nous avons une vraie opportunité de faire des progrès et je m’engage à travailler pour cela.
Bilan : 230 morts palestiniens, 12 morts israéliens
L’annonce de cette trêve intervient après plus de dix jours d’affrontements sanglants entre Israël et ces groupes. Le Hamas avait lancé les hostilités le 10 mai en tirant des salves de roquettes vers Israël, en solidarité avec les centaines de Palestiniens blessés lors d’affrontements avec la police israélienne sur l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, le troisième lieu saint de l’islam.
Après ces premiers tirs de roquette, Israël a lancé une opération militaire visant à « réduire » les capacités militaires du Hamas en multipliant les frappes aériennes contre ce micro-territoire de deux millions d’habitants sous blocus israélien. De leurs côtés, le Hamas et le Jihad ont lancé plus de 4 300 roquettes vers Israël, des tirs d’une intensité inégalée contre l’État hébreu, qui dispose d’un bouclier antimissile ayant permis d’intercepter 90% de ces projectiles.
Les affrontements ont fait plus de 230 morts côté palestinien, dont une soixantaine d’enfants et de nombreux combattants du Hamas et du Jihad islamique, et 12 morts en Israël, dont un enfant de six ans, une adolescente de 16 ans et un soldat.
Les tentatives de médiation s’étaient intensifiées ces dernières heures. L’émissaire onusien pour le Proche-Orient s’est entretenu avec le chef du Hamas au Qatar. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a quant à lui estimé que la poursuite des tirs israéliens et palestiniens était « inacceptable » et appelé à ce que les affrontements cessent « immédiatement ». La veille, le président américain Joe Biden avait exhorté le Premier ministre israélien d’œuvrer à une désescalade immédiate.
Lors de précédents conflits entre le Hamas et Israël les premiers pas vers une accalmie sont souvent passés dans un premier temps par des trêves humanitaires de la sorte. Toute la question est de savoir, conclut notre correspondant sur place, Christian Brunel, si ce cessez-le-feu peut tenir ou s’il ne s’agit que d’une simple trêve. Seule certitude en tout cas : l’arrêt des combats n’est assorti d’aucune condition. Autrement dit au moindre incident ou d’un nouvel accès de tension tout peut repartir. Un exemple : le Hamas va se retrouver au pied du mur si le projet d’expulsions de Palestiniens dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-est, qui a servi de détonateur aux affrontements, est confirmé dans les prochains jours par la Cour suprême israélienne.
(avec AFP)