Depuis quelques jours, le nom de l’un des plus importants et utiles investisseurs Guinéens, l’un des plus sinon le plus grand Patron créateur d’emplois dans le secteur privé avec plus de 600 employés directs et de milliers d’emploi indirects avec des groupements féminins de commercialisation de poissons et produits de mer est sur de nombreuses lèvres. Ali Saadi peut-il être coupable des griefs évoqués par l’OFAC ?

 

En effet, le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du Département Américain du Trésor a cité deux hommes d’affaires Guinéens comme complices du mouvement politico-militaire libanais Hezbollah dans le cadre de la lutte contre le « soutien matériel au financement du terrorisme ».Il est spécifiquement reproché à Monsieur Elhadj Ali Saadi, PDG de SONIT PÊCHE » d’entretenir des relations étroites avec le partisan désigné du Hezbollah Kassem Tajideen (Tajideen) que l’OFAC a désigné en 2009 pour avoir été un contributeur financier important du Hezbollah. Au moment de sa désignation, Tajideen avait versé des dizaines de millions de dollars au Hezbollah et dirigeait des sociétés de couverture pour le Hezbollah en Afrique avec ses frères. Saade fut le principal contact politique de Tajideen en Guinée. Il a fait des efforts importants pour fournir aux Tajideen un accès illimité aux membres corrompus de l’ancienne administration Guinéenne aux plus hauts niveaux et au reste du gouvernement guinéen. Saade a également conseillé Tajideen sur les méthodes permettant d’effectuer des transferts financiers pour échapper à la détection par les régulateurs « .

C’est ce passage incriminant du communiqué de l’OFAC qui vaut à Monsieur Ali Saadi toutes les accusations, interprétations et mêmes les condamnations hâtives observées par ci ou par là. Et pourtant, l’affirmation de l’OFAC a le mérite de la clarté. Donc facilement vérifiable. Selon les mathématiciens, quand une équation est clairement posée, sa résolution devient facile.

À bien lire le communiqué de l’OFAC, on comprend aisément que les ennuis de Monsieur Ali Saadi ou les reproches que les Américains lui font s’expliquent uniquement par le contact qu’il a eu avec Monsieur Tajideen Kassem inscrit en 2009 sur la liste noire des Américains comme soutien financier du Parti Libanais Hezbollah, qualifié de mouvement terroriste par le Gouvernement Américain. Il en résulte très logiquement que tant que Monsieur Ali Saadi, qui vit et exerçe sans bruits en Guinée, dont la probité morale est connue et respectée, qui vaque tranquillement à ses activités partout dans le monde, n’aurait jamais été cité sur une liste de l’OFAC si des circonstances ne l’avaient pas amené à avoir des contacts avec Monsieur Tajideen Kassem ou tout autre homme d’affaires Libanais ou autres nationalités dans le viseur des Américains.

À partir de là, la situation soulève des questions dignes d’intérêts et dont les réponses lucides, objectives totalement dépassionnées détermineront le bien fondé ou non des griefs portés à l’encontre de Monsieur Ali Saadi.

 

Comment et pourquoi Monsieur Ali Saadi a eu un ou des contacts avec Monsieur Tajideen Kassem ?

Les 2 hommes ont-ils été liés par une affaire dans le passé ?

Sont-ils associés ou partenaires dans une

une autre affaire ou une société ?

Ont-ils eu ou ont-il des relations d’affaires en Guinée ou ailleurs ?

Monsieur Ali Saadi a t-il effectivement introduit Monsieur Tajideen Kassem chez un ancien ou actuel officiel Guinéen afin d’obtenir un financement ou l’offre d’un marché quelconque de l’état Guinéen ?

Peut-on citer un ancien ministre du Gouvernement Alpha Condé ou Colonel Doumbouya ayant fait des affaires avec Monsieur Tajideen sur intervention ou introduction de Monsieur Ali Saadi ?

Les éclaircissements sur ces points et probablement d’autres édifieront les uns et les autres.

Pour le moment, il est important de noter que quand il a eu l’initiative en 2013 de construire un grand marché à Conakry pour faire quitter les femmes marchandes de la rue, l’ancien Président Guinéen, Alpha Condé, s’était adressé à Monsieur Ali Saadi pour lui exprimer ce besoin en le chargeant de trouver un investisseur intéressé ou capable de réaliser le projet.

En réaction à cette sollicitude présidentielle pour la construction du Grand Marché de Conakry situé à Dabondy, Monsieur Ali Saadi a proposé un promoteur Libanais du nom de Tajjedine Kassem sur la base des précédents investissements de ce dernier dans d’autres pays Africains.

Certains des acteurs et témoins de cet accord d’investissement dont le Président Alpha Condé et son Premier Ministre de l’époque, Mohamed Saïd Fofana et d’autres sont encore vivants et peuvent attester de la véracité ou non de cette opération. Le constat est que le Grand Marché de Conakry a été effectivement réalisé à Dabondy au compte de l’état Guinéen.

Est-ce que Monsieur Ali Saadi a eu des intérêts dans cette transaction ou des pourcentages dans la location des magasins de ce Marché ?

Est ce le contact ou les contacts entre Monsieur Ali Saadi et Monsieur Tajideen Kassem se limitent-ils uniquement à ce projet de Marché que l’ancien Président Guinéen a voulu ?

Est-ce avec Monsieur Ali Saadi que Monsieur Tajideen Kassem a discuté, négocié et signé le Contrat du Grand Marché ?

Les enquêteurs Américains et Guinéens sauront répondre le moment venu.

En attendant, cette affaire recommande beaucoup de prudence et de retenue. En effet, le communiqué de l’OFAC lui-même, exprime clairement l’objectif de sa démarche en affirmant : « Le but ultime des sanctions n’est pas de punir, mais d’apporter un changement positif de comportement « .

Ce qui paraît comme un avertissement adressé à Monsieur Ali Saadi et à Monsieur Ibrahim Taher si les accusations étaient réelles ou fondées.

Pour ceux qui suivent ou connaissent le fonctionnement de l’OFAC, il n’est pas rare de constater qu’un nom inscrit le matin a disparu le soir ou le lendemain. Le temps d’une vérification poussée et plus rigoureuse suffit.

Les communiqués de l’OFAC préécris dans les bases de données utilisent systématiquement les mêmes termes d’accusation et de sanctions.

Si la lutte contre le terrorisme dans ses multiples facettes est légitime et noble, tout porte à croire que l’OFAC est parfois victime de fausses informations et se trompe de cibles. Dans le cas présent, Monsieur Ibrahim Taher qualifié de consul de Côte d’Ivoire dans le rapport n’en est pas un. Il se trouve également que le co-accusé n’a eu aucun accroc avec aucun douanier. Toutes ces affirmations sont facilement vérifiables.

C’est pourquoi des noms s’écrivent et s’effacent à longueur d’année.

D’autre part, un fait important doit être retenu dans cette affaire : Monsieur Tajideen Kassem arrêté en 2017 au Maroc et expulsé vers les Etats-Unis, où la justice l’a condamné à cinq ans de prison et 50 millions de dollars d’amende a été libéré au mois de Mai 2020, conduit en juillet 2020 au Liban où il a repris depuis ses activités de commerce de matières premières au moyen Orient et dans de nombreux pays Africains.

 

Qu’est ce que le Hezbollah ?

Le Hezbollah ou Parti de Dieu a été fondé en juin 1982 et révélé publiquement en février 1985 au Liban.

Sa détermination contre Israël et pour la libération totale du Liban et des territoires Arabes occupés font de lui un parti patriotique très populaire non seulement au Liban mais aussi au niveau des peuples Arabes. Cependant ses liens avec l’Iran, la Syrie et sa tendance de parti politique islamiste chiite, font que certains pays et organisations régionales et internationales le tiennent pour responsable de prises d’otages et d’attentats contre les occidentaux et le classent comme un groupe terroriste. Ce sont notamment les États-Unis, Royaume Uni, Australie, Malaisie, Argentine, Union européenne et même par la Ligue arabe.

Le 2 mars 2016, suite à l’affrontement régional entre des monarchies arabes et l’Iran, auquel le Hezbollah est allié, le parti chiite est placé sur la liste des organisations terroristes par le Conseil de coopération des pays Arabes du Golfe et les États de la Ligue Arabe. Pour les Américains l’appartenance à ce parti, toute forme de soutien ou de contact avec le Hezbollah est semblable au crime ou synonyme de complicité avec le crime.

 

Ali Saadi finance-t-il des crimes ou actes criminels ?

 

Pour mieux cerner la réponse à cette question il est important de chercher à savoir d’abord qui est réellement Ali Saadi. D’où vient il, que fait-il ?

Contrairement à beaucoup d’autres, le fils de Moussa Saadi et de Fawaz n’est pas un immigré ou un aventurier venu faire fortune en Guinée, mais bel et bien un Guinéen né à Almamya et qui s’est construit en Guinée où il a toujours résidé et continue de passer l’essentiel de son temps et d’exercer l’essentiel de ses activités commerciales professionnelles ainsi que ses actions caritatives en faveur des populations surtout démunies.

Son père, Moussa Saadi, fait partie de la première génération des Libanais venus en Guinée dans les années 1900, 1908 précisément en ce qui le concerne. Il s’installe à Koubiya dans la sous-préfecture de Wassou, préfecture de Dubréka où il rencontre et épouse une demoiselle native de Kangoliya devenue Madame Saadi née Mafèring Camara. De cette union naîtront trois enfants dont une fille.

En 1917, le père, Moussa Saadi déménage à Conakry et s’installe à Kaloum où il achète un bâtiment R+1 en face de la Direction Générale de la Police Judiciaire ( DPJ ).

En 1933, il épouse sa 2ème femme qui lui fera sept enfants dont Ali Saadi. Le père, ses 2 épouses et ses 10 enfants vivaient en harmonie dans ce bâtiment de R +1 devenu plus tard Immeuble SONY après les travaux de modernisation effectués par le fils Ali Saadi vers la fin des années 1980.

Compagnon de l’indépendance, à la veille du référendum Gaulliste du 28 septembre 1958, Moussa Saadi et ses jeunes camarades du PDG-RDA se rendent et font campagne à Bintimodya où le Non l’emporte à plus de 90% des suffrages exprimés.

Après 52 ans de présence continue en Guinée sans se rendre même une seule fois au Liban, consacrée à ses activités de commerce et à l’éducation de ses enfants, celui que les habitants du quartier Almamya appelaient vieux Moussa Saadi décède en février 1962 et est inhumé à Conakry.

L’aîné de ses enfants, Hassane Saadi connu sous le sobriquet de Renée, fut l’un des plus grands footballeurs Guinéens des années 1950 avec le Racing Club de Conakry et figure parmi les membres fondateurs de la Fédération Guinéenne de Football avec feu Yoro Diarra, feu NFamara Camara etc. Commis de l’état Guinéen, il a été nommé 1er attaché de l’ambassade de Guinée au Sénégal.

Maurice Saadi est un autre des ses fils, ingénieur Télécom diplômé de l’office des Radiodiffusion de l’Outre-mer en France où il a facilement trouvé un emploi. Mais à la demande de Fodeba Keïta, il a décidé de rentrer en Guinée et participe à la création de la Radiodiffusion Nationale en compagnons de ses amis de promotion comme Émile Tompapa, Alpha Ibrahima Mongo Diallo ou Ibrahima Cissé. Directeur des Télécommunications jusqu’en 1984, il a formé des dizaines d’ingénieurs et techniciens Guinéens à l’École Nationale des PTT éparpillés à travers la Guinée et même en Afrique.

Un autre grand-frère d’Ali Saadi, le Professeur en médecine Anice Saadi, camarade de promotion de l’ancien ministre de l’Education, feu Mamady Keita et du journaliste doyen Ansoumane Bangoura, a été l’un des touts premiers étudiants à bénéficier des bourses d’études du nouvel État Guinéen en 1959 pour la Faculté de Médecine de Montpellier en France. Il a bénéficié, à ce titre, du premier acte officiel de naturalisation accordé à une personne de couleur blanche par le Gouvernement Guinéen et signé par le secrétaire d’état à la justice de l’époque, feu Elhadj Damantang Camara. Et quand la France, avec la dégradation des relations avec son ancienne colonnie, a annulé les bourses Guinéennes, Anice Saadi est pris en charge par sa Famille afin de permettre au jeune étudiant de poursuivre et terminer ses études supérieures de médecine à Montpellier.

Après la retraite, en reconnaissance à l’état Guinéen et par patriotisme hérité du père, le Professeur Anice Saadi rentre pour servir la Nation comme conseiller auprès du ministre de la Santé de l’époque, Pr Amara Cissé et en dispensant gratuitement des cours à l’université de Conakry.

En ce qui concerne Ali Saadi, lui-même, il a fondé en 1988 SONIT PÊCHE devenue aujourd’hui la plus grande entreprise de Pêche en Guinée avec plus de 600 cadres et agents employés, des milliers d’emplois indirects avec des femmes mareyeuses organisées en groupement et servies prioritairement, ses 14 peints de distribution du poisson à Conakry et à l’intérieur du pays, ses dizaines de chambres froide de grandes capacités, ses 10 bateaux portant les noms des villes et villages Guinéens : Wassou, Koubiya, Coyah, Boke, Mamou, Kankan.

Croyant, Ali Saadi a offert 4 Mosquées aux populations musulmanes d’Almamya, Coronthie, Mafanco et Tombolya et offre, chaque année, le pèlerinage aux lieux Saints de la Mecque à des Guinéens.

En sa qualité de consul honoraire de la République de Guinée au Liban, Ali Saadi contribue à encourager des hommes d’affaires étrangers à investir en Guinée.

En 2014, le fondateur de SONIT PÊCHE, a laissé à ses enfants, formés aux vertus, nourris à la sève de l’amour de la patrie, le soin et la mission de continuer à consolider l’œuvre conçue et initiée par le grand-père, Moussa Saadi, poursuivie et améliorée par le père Ali Saadi. Comme le grand-père, le père ou les oncles, ils jouent bien leur partition.

Avec Sonit Pêche industrie à Dubreka et Sonit artisanale à Boulbinet, ils participent à l’essor économique de la Guinée.

Comme on le voit, il est pratiquement impossible de convaincre les Guinéens qui le connaissent que cet Homme de foi, ce grand Monsieur, sociable et généreux est assimilable à un groupe de malfaiteurs, à une entreprise de destruction humaine ou est capable de donner un centime pour ôter la vie ou semer la terreur. Il n’a aucun lien direct ou indirect avec le Hezbollah, il ne vote même pas au Liban, il a plutôt une carte d’électeur de Guinée.

De toute façon, les accusations de transfert ou de financement d’un mouvement terroriste sont très faciles à vérifier auprès du système bancaire Guinéen. Le communiqué et les déclarations d’Ali Saadi confortent la conviction de tous ceux qui croient en l’innocence totale de l’homme. L’OFAC ne semble pas connaître du tout Ali Saadi.

Enfin, en matière d’investissements, Ali Saadi est également présent dans quelques pays Africains, mais aucun d’entre eux n’a accordé le moindre crédit ou la moindre attention à ces accusations tant l’homme est correct et adopte une posture irréprochable par rapport aux lois et règlements régissant ces États.

 

Mohamed Fakoly