Laurent Gbagbo veut créer un nouveau parti politique pour ne pas avoir à s’engager dans une bataille juridique avec Pascal Affi N’Guessan. Son ancien Premier ministre dirige, lui, l’aile légale du Front populaire ivoirien. C’est cette division qui a conduit à la décision soudaine, mais pas surprenante, tant le schisme interne au FPI remonte à plusieurs années déjà.

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Moins de deux mois après son retour en Côte d’Ivoire le 17 juin à la suite de son acquittement de crimes contre l’humanité par la justice internationale, Laurent Gbagbo a provoqué la surprise ce lundi 9 août en annonçant vouloir créer un nouveau parti. Mais pour Laurent Gbagbo, abandonner un parti, le FPI (Front populaire ivoirien) qu’il a créé en 1982 avant même les années du multipartisme dans les pays africains, est forcément risqué. C’est sous la bannière FPI que Gbagbo a construit son statut d’opposant historique jusqu’à l’emprisonnement, pendant les années Houphouët-Boigny. Le FPI pour lui, c’est non seulement toute une vie, mais c’est aussi une identité, une marque qu’il a perdue depuis que la justice ivoirienne a confirmé en 2015 Affi N’Guessan dans ses fonctions de président du parti.

2025 en ligne de mire

Cette décision de justice interdisait aux soutiens de Gbagbo, notamment Aboudramane Sangaré, décédé en 2018, et Simone Gbagbo, d’utiliser le nom et le logo du parti. De fait juridiquement, le FPI n’appartenait plus à son fondateur.

Cependant, ses partisans continuent de parler de FPI GOR (FPI Gbagbo ou Rien). C’est dire si la marque FPI est associée au nom de l’ancien président. Mais en faisant le choix de créer un nouveau mouvement, il montre qu’il veut dépasser le conflit juridico-politique avec Affi N’Guessan. Il lui laisse une marque chargée d’histoire, à lui de trouver un autre nom qui devra imprimer les esprits. C’est là où il peut y avoir un risque de perte de notoriété, à moins que cela ne crée une nouvelle dynamique.

Aujourd’hui, en créant un nouveau parti, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo montre aussi qu’il entend rester à 76 ans un acteur majeur de la vie politique de son pays et disposer d’une structure qui lui est entièrement acquise, sans doute dans la perspective de la présidentielle de 2025.

Quid de Simone Gbagbo ?

L’ancienne première dame était dans la salle ce lundi quand Laurent Gbagbo a rendu public son intention de créer un nouveau parti. Il l’a aussi citée à plusieurs reprises dans son discours quand il faisait l’historique du parti. Cela dit, les relations personnelles et parfois politiques entre ces deux personnalités sont souvent compliquées, pour ne pas dire conflictuelles.

Créer un nouveau parti, c’est mettre en place de nouvelles instances de direction et cela pourrait permettre à Laurent Gbagbo de faire le ménage et de marginaliser tel ou tel clan au profit de ses plus proches, tout en se souvenant que Simone Gbagbo reste populaire auprès d’une partie des militants. Un fidèle de l’ancien président nous a confié qu’« il n’y a pas de raison que Simone Gbagbo et ses proches ne soient pas associés » à cette nouvelle aventure politique. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’ils ont aussi une histoire privée au-delà de la politique.

Du côté du FPI-légal, on estime que Laurent Gbagbo « a choisi la rupture et la division ». Il a pris une « une décision dictée essentiellement par la soif de pouvoir et la volonté de revanche », a réagi Pascal Affi N’Guessan, président du FPI-légal. Ce dernier a ainsi convoqué une réunion du comité central du parti pour ce samedi 14 août.

Avec RFI