« L’histoire est la mémoire vivante des peuples », dit-on.
Aussi longtemps qu’on remonte dans le temps, il est indéniable que l’histoire des forces vives en Guinée est d’abord celle des organisations sociales notamment la société civile, les syndicats, le patronat…
Le premier Président Guinéen, Ahmed Sékou Touré, a d’abord fait ses armes dans le syndicalisme où son combat, son dynamisme, son opiniâtreté à défendre des intérêts collectifs ont fait le lit du grand homme politique et du leader respecté qu’il a été.
Plus récemment, en 2007, les mouvements sociaux qui ont ébranlé et affaibli Lansana Conté et son régime, ont été déclenchés par les syndicats, rejoints par la société civile et plus tard par les acteurs politiques, devenant de facto les forces vives. C’est ce trio redoutable qui a imposé sa volonté, dicté la voie à suivre pour arracher les accords politiques qui ont conduit à la nomination d’un gouvernement de cohabitation ou de consensus national dirigé par Lansana Kouyaté, actuel Président du PEDN.
En 2009, face au CNDD du capitaine Moussa Dadis Camara, ce sont les mêmes forces vives composées des partis politiques, de la société civile, des syndicats qui ont défié la junte militaire.
Malmenés, persécutés, emprisonnés, réduits au silence ou à l’exil à cause du troisième mandat, c’est le FNDC qui est un alliage entre un groupe d’acteurs politiques, une certaine société civile et le syndicat qui a affronté le régime du RPG-ARC-EN-CIEL, jusqu’à l’avènement du colonel-Président Mamadi Doumbouya le dimanche 05 septembre 2021.
Pourquoi et maintenant, certains acteurs politiques souhaitent absolument l’exclusion des syndicats, de la société civile… du cadre de concertation en cours initié par le CNRD, en exigeant uniquement le dialogue politique ?
Aussi paradoxale que cela puisse paraître, il y a juste quelques mois derrière nous, le CNRD, dans le cadre de la concertation qu’il a initiée aux chapiteaux du palais du peuple a consulté l’ensemble des forces vives; chaque corporation ayant fait des propositions, recommandations aux nouvelles autorités du pays pour la bonne marche de la transition.
En reproduisant le même procédé pour permettre au peuple de Guinée, dans sa diversité, d’émettre son avis sur le chronogramme de retour à l’ordre constitutionnel proposé par le CNRD, pourquoi toute cette polémique inutile, futile… qui n’est pas légitime ni légale et ne cadre pas avec les réalités historiques de la Guinée, ni avec les préoccupations de l’heure liées à la détermination de la durée de la transition ?
« La nature a horreur du vide », dit-on.
A rappeler que du temps du Général Lansana Conté jusqu’au temps du PRAC, c’est un secret de polichinelle que la politique de la chaise vide n’a jamais servi la classe politique. Bien au contraire. Surtout que le CNRD n’a pas fermé les portes de la concertation à qui que ce soit, offrant la possibilité aux uns et aux autres d’exprimer leurs récriminations, leurs desideratas, leurs opinions… sur la vie de la Nation.
Faut-il arrêter la marche du pays face à l’intransigeance de certains acteurs politiques ? Assurément non!
Jean Marie Doré ne disait-il pas : « L’opposition guinéenne est la plus bête d’Afrique ».
Aujourd’hui, cette béatitude semble se généraliser à toute la classe politique, malheureusement unie que pour contester, rarement pour proposer et assumer ses responsabilités dans la détermination de l’avenir de la société Guinéenne.
Quoi qu’il en soit, rien ne sera plus comme avant et après le 05 septembre 2021.
« Les absents ont toujours tort », affirmait l’autre.
À ce rythme, le groupement de partis politiques ou d’alliances politiques circonstancielles est sur la voie du hara-kiri. Incroyable mais vrai!
Le CRAS