Le président sortant du Brésil Jair Bolsonaro, toujours silencieux près de 48 heures après sa défaite au second tour de l’élection présidentiellene contestera pas les résultats du scrutin de dimanche et s’exprimera en ce sens ce mardi, a déclaré le ministre des Communications Fabio Faria.
Le président brésilien sortant Jair Bolsonaro vote lors du second tour de l’élection présidentielle, à Rio de Janeiro. /Photo prise le 30 octobre 2022.
La fin du suspense ? Le président sortant du Brésil Jair Bolsonaro, toujours silencieux près de 48 heures après sa défaite au second tour de l’élection présdentielle face à Luiz Inacio Lula da Silva, ne contestera pas les résultats du scrutin de dimanche et s’exprimera en ce sens ce mardi, a déclaré le ministre des Communications Fabio Faria à Reuters. Dans le même temps, les barrages routiers se sont multipliés mardi matin au Brésil au surlendemain de l’élection de Lula à la présidence, des centaines de camionneurs et de manifestants pro-Bolsonaro refusant d’accepter la défaite du président d’extrême droite.
Jair Bolsonaro restait muré dans son silence depuis l’annonce dimanche soir de sa défaite de peu (49,1% contre 50,9% face à Lula), et n’avait toujours pas reconnu la victoire de son ennemi juré. Lancé la veille, le mouvement de protestation sur les axes routiers a fait tâche d’huile mardi. La police routière fédérale (PRF) faisait état de 250 barrages, totaux ou partiels, dans au moins 22 des 27 Etats du Brésil. Lundi soir, seulement une douzaine d’Etat étaient concernés. « Lula non! » était-il inscrit sur un panneau accroché au-dessus d’un viaduc à Sao Paulo, la capitale économique, où plusieurs routes étaient également bloquées, notamment celle qui relie la mégalopole à Rio de Janeiro, empêchant le départ des autocars entre les deux villes.
À Novo Hamburgo, près de Porto Alegre (sud), la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. Santa Catarina (Sud), où Jair Bolsonaro a remporté près de 70% des voix, est l’Etat qui comptait le plus de routes bloquées. « J’espère rentrer chez moi » à Rio. « J’ai pu payer une nuit dans un hôtel ici mais beaucoup de gens ont dû dormir ici à la gare routière », a déclaré à l’AFP Rosangela Senna, agent immobilier de 62 ans, à Sao Paulo. Un juge de la Cour suprême a ordonné le « déblocage immédiat des routes et des voies publiques », a indiqué l’institution dans un communiqué lundi soir. Il a ordonné à la PRF de prendre « toutes les mesures nécessaires » pour dégager les routes, sous peine d’infliger une amende à son directeur général ou de l’emprisonner pour « désobéissance ».
Situation incandescente
Plus de 36 heures après les résultats officiels, le président sortant Jair Bolsonaro n’a toujours pas reconnu sa défaite sur le fil, contrairement à plusieurs alliés de son gouvernement ou du Parlement. De très nombreux chefs d’Etat étrangers ont félicité depuis dimanche soir Luiz Inacio Lula da Silva, le candidat de gauche, pour son troisième mandat à la tête du pays, après ceux de 2003 à 2010. Il prendra officiellement ses fonctions au 1er janvier, mais dès maintenant une transition du pouvoir devrait avoir lieu — si le gouvernement sortant accepte de coopérer. Brasilia était calme mardi matin après que la police a restreint depuis la veille au soir l’accès des véhicules à la place des Trois pouvoirs, où se trouvent le Palais présidentiel, le Parlement et la Cour Suprême, proche de l’immense esplanade des ministères, lieu traditionnel de rassemblement dans la capitale.
Cette mesure « préventive » a été prise « après l’annonce d’une possible manifestation à cet endroit, sur les réseaux sociaux », avait indiqué le secrétariat de la Sécurité publique du district fédéral de Brasilia. Les appels de bolsonaristes à rejoindre les barrages se multipliaient en effet sur les réseaux sociaux, notamment Twitter et Telegram, selon l’équipe de vérification numérique de l’AFP. L’un d’entre eux appelait les bolsonaristes à un grand rassemblement à 15H00 (18H00 GMT) sur l’immense esplanade des ministères de Brasilia. « Le Brésil ne sera pas le Venezuela », disait le message sur fond jaune et vert, comme le drapeau national, affectionné par la droite radicale. Il reproduisait le texte adressé à son père par le sénateur Flavio Bolsonaro lundi: « Bolsonaro, nous sommes avec toi quoiqu’il arrive ».
A Sao Paulo, des bolsonaristes misant sur une poursuite du mouvement appelaient pour mercredi après-midi à « la plus grande mobilisation de l’Histoire » sur l’Avenue Paulista — cette même avenue inondée dimanche soir par une marée de centaines de milliers de sympatisans de Lula vêtus de rouge, qui avaient célébré dans la liesse la victoire de leur champion. A Sao Paulo, les axes routiers menant à l’aéroport international de Garulhos, qui a le plus gros trafic aérien du Brésil, ont été dégagés par la police en matinée, après des annulations ou retards de plusieurs vols, a rapporté la presse locale. La police militaire était par ailleurs en fin de matinée en train de dégager certains axes routiers de Sao Paulo, Rio de Janeiro et du Minas Gerais, sur l’ordre des gouverneurs de ces Etats très peuplés du sud-est.
(Avec AFP et Reuters)