Je tiens à attirer ici l’attention des pouvoirs publics sur le traitement de la délinquance juvénile dans nos prisons.

Cette problématique m’interpelle à plus d’un titre et m’incite à ouvrir le registre de la réflexion sur ce sujet délicat et d’une urgence extrême.

En effet, la mauvaise gestion de la déliquescence juvénile fait perdre à la nation guinéenne des citoyens de demain.

C’est pourquoi il serait nécessaire de créer des centres de rééducation en milieu ouvert et ou fermé.

Comprendre le profil type de ces jeunes délinquants ou qui sont sur le versant de la délinquance, pourrait permettre de protéger toute la société.

– Ces jeunes sont souvent issus de milieux familiaux pauvres et défavorables sans aucune structure réelle de prise en charge éducative.

– Ils sont souvent élevés par des substituts des parents (tantes, oncles, grands parents, frères etc..),

– Ils savent à peine lire les 26 lettres de l’alphabet et ne maîtrisent pas les quatre opérations mathématiques.

– Ces enfants souffrent dans leur peau et dans leur âme et ils n’ont connu que la souffrance pour survivre depuis leur naissance.

– Ils sont des exécutants bon-gré, mal-gré, des sales besognes des grands bandits qui finissent par créer en eux le complexe de Stockholm. “N’Ma GRAND».

Admirateurs de ces grands bandits de grands chemins, ils n’ont de modèle que ceux-ci.

C’est ce sentiment qui se développe en eux dans la prison, s’ils ne sont pas éloignés du milieu carcéral pathogène des adultes: Promiscuité oblige.

Ne restons pas dans la procrastination. Il est temps de réagir et j’en appelle aux pouvoirs publics parce que, effectivement, nous devons diversifier notre mode opératoire pour aider cette jeunesse souffrante.

J’en appelle particulièrement les ministres de la jeunesse, de l’enfance, de l’emploi, de la justice et enfin le chef du gouvernement pour trouver les fonds nécessaires pour la création de milieux carcéraux juvéniles afin d’accueillir ces jeunes atteints d’un trouble important de la personnalité et ou du comportement.

Mais aussi, investir dans la formation d’éducateurs spécialisés, d’éducateurs techniques et d’assistants sociaux pour recréer ou créer des liens entre ces jeunes et la société, afin de les conduire sur la voie d’une intégration socio-éducative cohérente et nécessaire au développement de notre pays.

Le profil type de ces jeunes n’est point reluisant :

– Il leur manque un modèle social permettant de les faire participer à la construction d’une nation fière de ses valeurs.

– Ces jeunes ont un profond trouble du comportement qui se manifeste par la violence qu’il dégage quand ils rentrent dans la relation.

Constitués en bande, ils ne rentrent dans la relation que par la violence qui est le seul mode opératoire en leur possession.

Ils savent profiter de toutes les manifestations humaines : politiques ; syndicales, religieuses ou artistiques dans lesquelles ils se présentent pour atteindre leur but inavoués qui est : le vol, la dégradation des biens publiques ou privés ou des crimes souvent commandités par « M’ma GRAND » ou « Mööba » et que sais-je encore ? ».

Ne soyons point pessimistes. Nous pouvons croire en l’avenir et construire ensemble une guinée où chacun se reconnaîtra. Les préalables qu’il me semble nécessaires à mettre en place sont :

– Des centres de rééducation sociaux éducatifs où les jeunes apprendront à se construire une image de soi plus en lien avec nos valeurs.

– Des centres d’adaptation et de formation (ateliers d’apprentissage très différents de l’école qu’ils détestent et dont ils ont un mauvais souvenir).

– Des services médico-sociaux où la prise en charge sera assurée par une équipe socio-éducative et sanitaire formée.

Ma demande peut sembler coûteuse mais si nous faisons la comptabilité des conséquences du comportement de ces jeunes délinquants, nous verrons qu’ils nous coûtent et nous coûteront d’année en année de plus en plus chers.

Ne laissons pas notre beau pays dans l’insécurité sociale et la médiocrité morale. Les jeunes sont en marche et non à l’arrivée. Nous pouvons changer la situation ; Oui, nous le pouvons !

« Nous pouvons faire davantage de choses si nous croyons moins d’impossibles ».

Nelson Mandela disait : « L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. Ensemble, changeons la Guinée.

 

Moussa KANTE

Ingénieur d’ETAT du travail social à la retraite ;

Professeur de phytopathologie à la retraite

Sonfonia / Conakry/ Rep de Guinée