Il y a encore du sang d’opposants Guinéens, qui a coulé dans le pays. La semaine dernière, cinq de ces très nombreux jeunes, cyniquement sensibilisés d’aller braver dans la rue, la répression sanglante mis en place en vue de mettre sous cloche des voix dissonantes, ont été arrachés à l’affection de leurs familles, à la fleur de l’âge. C’est l’histoire qui se répète, malheureusement !
La promesse de ne pas faire comme les autres dans la gestion des manifestations, n’a pas tenu longtemps.
Ces manifestations, il faut le rappeler, qui sont réprimées dans le sang, sont encore toujours caractérisées par des violences.
On a donc l’impression que la junte est obsédée par l’idée d’éteindre ses contradicteurs qui prennent la rue, ou qui sont incités à prendre la rue. Elle ne semble, à cet effet, s’encombrer d’aucun moyen, pour inverser cette tendance fâcheuse qui fait polémique.
Des acteurs politiques dépourvus d’audace pour appeler à une manifestation, sont convoqués par la justice pour leur soutien assumé à l’appel à manifester du FNDC.
C’est donc peu de dire que le dialogue annoncé par le Président de la République, est à la peine, pour ne pas dire compromis !
Ces assertions répétées et mises en musique par les féaux les plus enragés, pourraient paraitre comme une grosse mise en scène, tellement les divergences deviennent de plus en plus profondes.
Les positions sont figées. L’espoir de voir ces retrouvailles prospérer, s’amenuise. Cet espoir, il est d’ailleurs lilliputien. Tout cela sous fond de méfiance caractérisée par une suspicion nourrie de part et d’autre.
Le CNRD soupçonne la classe politique d’avoir un agenda caché, celle-ci aussi, à son tour, soupçonne les militaires de vouloir rester plus longtemps au pouvoir. Comme avait ainsi campé la situation sur djomaMedia, avec une trop grande prudence, le Président de l’UFDG, El Hadj Cellou Dalein Diallo.
De ces supputations, retenons néanmoins une quasi-certitude, c’est de savoir que ces manifestations ne vont pas changer grand-chose. Bien qu’elles peuvent, cependant en rajouter une couche d’incertitude et d’inquiétude à la gestion de la transition.
Pour l’image peu reluisante que cela peut renvoyer à l’international, le CNRD a trouvé la réponse parfaite.
Il s’agirait certainement du compromis trouvé avec la CEDEAO, au sujet du chronogramme, sans y associer les partis politiques. Il est passé de trois ans à deux ans. C’est un triomphe modeste. Un véritable coup de boutoir pour les partis politiques parce que dans tous les cas, cela fera au total plus de trois ans pour les militaires.
Forcément que ça renvoie un message que la classe politique devrait pouvoir décoder très vite. Car, ni les appels au secours contre la répression sanglante des manifestations, ni les nombreuses alertes lancées contre d’éventuelles exclusions en perspective du processus électoral, n’ont pu influencer cette démarche insidieuse de la CEDEAO.
Mognouma