Depuis que le Président de la  République a dit,  dans une interview accordée à Jeune Afrique,  ne pas avoir de dauphin, Monsieur Kassory qui  croit en ses chances de le succéder multiplie  les opérations  de charme. Il n’est plus solidaire des actions de son gouvernement.  Il n’a plus aucun secret.  Pour le bien de son image, il n’hésite plus à rapporter le contenu d’une conversation  personnelle tenue avec  le Président de la République.  Il ne sait pas non plus  qui a donné l’ordre de démolir  les maisons à Dubréka et à Coyah, fussent-elles  le  long des routes dont les emprises devaient être libérées.

Que  cet ordre soit  venu du gouvernement  ou d’un niveau plus grand, il ne l’assume pas. Il le désavoue.   Si un de ses collègues a  commis des excès dans l’exécution d’une tâche qui lui a été  confiée, il n’est plus solidaire de lui.  Le fils de la Basse Côte qu’il est n’acceptera jamais, étant Premier Ministre, que les maisons  des filles et fils de la Basse Côte soient démolis.  Pourquoi devrait-il tenir de tels propos si l’idée n’était pas de s’attirer les faveurs des ressortissants de la Basse Côte Si ce n’est pas le cas,   alors pourquoi maintenant ?

Monsieur Kassory ne se sent plus à l’aise à son poste. Il croit qu’on lui a retiré la Mission d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes (MAMRI), que le Président de la République l’a réduit en  leur  envoyant son gouvernement et lui un ancien Premier Ministre d’un  autre pays  pour  leur enseigner le leadership et le sens du « Gouverner Autrement».

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Mais quand on ne partage plus les orientations d’un dirigeant on le quitte. Monsieur Kassory ne veut pas quitter pour ne pas donner l’impression qu’il n’a pas le sens de la gratitude.  N’a-t-il pas dit que sa relation avec le Président   de la République est avant tout fraternelle avant d’être politique. Quelle est bâtie sur un roc de confiance.  Se sentant mal, il a  préféré se terrer  chez lui  obligeant ainsi le Président à venir l’y sortir de la tanière.   » Je suis venu te saluer « ,  lui a-t-il dit comme pour le dire :  » Même si tu m’évites, je tiens encore à toi. »   C’est bien Alpha Condé qui tient à Kassory, sinon ce dernier qui  a dit avoir un contrat de deux ans avec lui ne se sent plus bien dans cette cohabitation.  En  disant qu’il avait un contrat de deux ans avec le Président Condé, il  dévoilait  la durée de vie du  gouvernement dont il impulse et cordonne les activités.

Quand un gouvernement sait qu’il doit finir dans deux  ans, les ministres n’inscrivent plus leurs actions dans la durée.  Hélas que cela n’aide pas à transformer l’économie et à mener des réformes qui améliorent les conditions des populations.  C’est donc deux  ans presque perdues pour Alpha Condé qui souhaite partager la prospérité mal assurée car issue d’une croissance non inclusive dont on ne cesse de faire l’éloge.

Monsieur Kassory se méprend lorsqu’il s’emploie à jouer à l’honnête, au sincère et au  désintéressé.  Dans sa récente déclaration de politique générale, il n’avait inventorié que les réformes qu’il a initiées ou inspirées et a  tu à dessein celles faites par les autres.

À présent, il s’efforce de  se présenter comme le consolateur  de ceux que l’actuel  régime a  infligés.  Il donne l’air d’un contrit  qui cherche à  confesser ses torts et à  demander pardon pour ses offenses.

Est-ce bien pour cela qu’il mène plusieurs initiatives allant de la fourniture des tôles à la  mosquée de Bambeto  à la distribution des vivres dans plusieurs familles de victimes de cette partie de Ratoma ?  Veut-il se montrer compatissant  à l’épreuve de ceux que le  régime Condé a  humiliés ? A quoi joue-t-il si ce n’est à  relooker  son image et à se repositionner en vue d’accroître ses chances de succéder à Alpha Condé ? Il est encore au gouvernement qu’il joue à  ce jeu pour le grand mal du Président dont il dit aider à réussir sa vision.

Ibrahima SANOH, citoyen guinéen.