Demain Mardi, 25 Mai 2021, le continent africain commémorera, sur fond de crise sanitaire, le 58ème anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), devenue l’Union Africaine en 2002 (UA), rassemblant à date 55 Etats du continent.
En effet, créée le 25 mai 1963 à Addis-Abeba sous le parrainage du roi Hailé Sélassié 1er, cette organisation continentale s’est donnée pour missions de défendre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de ses États membres, d’accélérer l’intégration politique et socio-économique du continent, de promouvoir et défendre des positions africaines communes sur les questions d’intérêt pour le continent et ses peuples. Malheureusement, elle a piteusement échoué, sur tous les plans, dans l’atteinte de ses objectifs.
Du fait surtout que la transition de l’OUA à l’UA n’a pas tenu compte des impératifs d’association des peuples, les antagonismes et égoïsmes nationaux ont fini par emporter sur les objectifs de l’union. Clairement, les disparités linguistiques, culturelles, économiques et politiques plombent l’Institution.
À vrai dire, la souveraineté des Etats membre de l’UA fait obstacle au pouvoir du Président de la commission.
Essoufflée à cause de l’attachement de ses Etats membres à leur souveraineté, l’UA est maintenant très loin des objectifs qui lui ont été assignés par ses Pères fondateurs. À titre d’exemple, l’africain devient de plus en plus étranger sur son propre continent du fait des obstacles de toute sorte qui sont entre autres: barrières douanières tarifaires et non tarifaires, la xénophobie, les visas, les barrières monétaires etc…..
Mais à quand la véritable union en Afrique ?
Si les morts pouvaient parler, les Présidents Kwame Nkrumah du Ghana, Hailé Sélassié 1er de l’Ethiopie, Ahmed Sékou Touré de la Guinée, Modibo Keita du Mali, Gamal Abdel Nasser de l’Egypte, Ahmed Ben Bella de l’Algérie, pour ne citer que ceux-là, exprimeraient leur amertume face à la gestion de leur héritage commun. Le rêve de ces pères fondateurs était de conduire le berceau de l’humanité vers les Etats-Unis d’Afrique. Mais plus de 58 ans après, ce rêve reste encore une utopie.
Il suffit juste de prendre dans le tas le renversement du guide libyen, le colonel Mouammar Kadhafi, en 2011 et le tout récent cas tchadien pour réaliser combien de fois l’Union Africaine est devenue une véritable caisse de résonance pour les Institutions occidentales. Elle se plie aux desiderata de ces dernières à telle enseigne qu’on se demande même à quoi elle sert réellement aujourd’hui ?
Comme le dirait l’autre, « l’Union Africaine doit se reformer en profondeur pour mieux remplir les missions qu’elle s’est fixées. »
Plutôt que d’organiser des cérémonies de réjouissance pour encenser la création de cette association panafricaine, les dirigeants africains feraient mieux aujourd’hui de mettre à profit cette journée de l’Afrique pour faire une rétrospective. Flash-back au cours duquel, sera passé au crible le parcours de cette organisation plein de gloire, mais aussi de fiascos. L’objectif est de tirer des leçons afin de mieux permettre à l’organisation de se projeter vers l’avenir. Un exercice certes laborieux, mais qui permettra in fine de réaliser combien de fois cette organisation a trahi les attentes.
En clair, tant que cette organisation continentale ne parvient pas à se délier entièrement du néocolonialisme pour se doter d’un budget conséquent qui lui permettra d’être à l’abri des injonctions extérieures, tant que ses Etats membres continueront à être faibles, elle demeurera toujours une organisation soumise, contrôlée par les organisations occidentales telles que les Nations Unies, l’Union Européenne, l’OIF, les institutions de Breton Wood etc…
C’est le lieu de rendre un vibrant hommage à tous ces militants du panafricanisme qui ne cessent d’investir leurs énergies physique et morale pour unifier les africains du continent et de la diaspora en une communauté africaine mondiale.
En un mot tout comme en mille, toujours est-il que l’Union Africaine n’est rien d’autre aujourd’hui que l’ombre d’elle-même. Il lui faut une réelle autopsie pour redorer son blason. Faisons donc en sorte que cet évènement du 58ème anniversaire soit le véritable départ pour une véritable renaissance africaine.
Vive le panafricanisme!
Vive l’Afrique !
Bonne fête à toutes et à tous
Sayon MARA, Juriste