S’il restait un sens propre à donner à la transition, c’est bien sa durée. C’était presque un pari pascalien à gagner. En dépit des propos parfois diplomatiquement désarticulés, suivis de sanctions, le nœud gordien a échappé aux coups de sabre des forces vives, grâce à un tour diplomatique.
Si cet accord sur 24 mois distille de l’espoir, cependant, un point suscite interrogation chez certains observateurs. C’est celui relatif à l’appui technique et financier demandé par les autorités guinéennes à la CEDEAO, dans le rapport. Est-ce qu’à défaut de cet appui, un glissement serait-il évitable ?
Comme en 2010, lorsqu’une institution sur laquelle comptait le gouvernement de la transition, a déclaré à feu Jean Marie Doré, premier ministre d’alors, à la veille de l’expiration du délai, le manque financement. Fallait-il glisser ou recourir à la planche à billets pour respecter le délai ? Enquêtez !
L’autre interrogation est l’inexistence, du moins pour le moment, dans le rapport de la mission technique de la CEDEAO, des deux bornes de ce délai.
Nonobstant toutes ces interrogations, il faut tout de même rappeler que, la nouvelle des 24 mois tombe au lendemain de la manifestation du 20 octobre. Par cet accord, la junte militaire veut-elle sonner le glas des manifestations contre ce qu’une certaine classe politique qualifie d’unilatéralisme ? La réponse à cette question sera connue à la suite réservée au rapport de la mission technique de la CEDEAO et, après la concrétisation du cadre de dialogue permanent.
En attendant, les forces vives subissent les conséquences de leur jusqu’au-boutisme et de leur radicalisation. Cet accord leur coupe l’herbe sous les pieds. Elles se voient aussi,subtilement mise à l’écart du débat autour du chronogramme. D’autant plus que, les activités contenues dans ce chronogramme de la transition ont été discutées, entre le gouvernement et la CEDEAO. Donc sans elles ! Pour autant que, la raison de leur refus de prendre part aux différents dialogues, s’explique par le fait qu’elles ne soient pas associées à la prise de décision.
Que dire des autres revendications qui, pourtant, sont plus importantes à leurs yeux ? Notamment, la libération de ceux d’entre eux en conflit avec la loi et le retour de ceux qui sont à l’étranger. Dorénavant, ce délai de 24 mois, fait ombrage à toutes ces revendications ou risque de les annihiler. Quant on sait la détermination de la junte à atteindre ses objectifs, advienne que pourra.
Pire, suite à la convocation des organisateurs, de la manifestation du 20 octobre par la justice, la liste des détenus ou placés sous contrôle judiciaire, pourrait même s’étirer. C’est l’histoire du prodigue qui répand l’or comme du fumier et l’avare recueille le fumier comme de l’or.
Bella KAMANO