L’opposant Saleh Kebzabo a annoncé lundi 1er mars son retrait de la course à la présidentielle du 11 avril prochain. Il dénonce une « militarisation évidente du climat politique » suite aux violents affrontements qui se sont déroulés au domicile du candidat Yaya Dillo.

Arrivé deuxième en 2016, Saleh Kebzabo a dénoncé il y a quelques jours le refus du gouvernement de lui rembourser ses frais de campagne lors de la précédente élection. A cette situation et plusieurs éléments qui n’augurent pas une élection transparente,violences au domicile d’un candidat, Yaya Dillo, est l’élément de trop qui incite à se retirer de la course, estime l’opposant tchadien.

«Il s’est passé des choses horribles, barbares. On ne peut pas se comporter dans un pays comme dans un la jungle. L’armée a débarqué chez notre collègue, candidat à la présidentielle, pour avoir commis le crime de lèse-majesté d’être candidat. Et on a tué sa mère, c’est inadmissible. »

« En 25 années d’élections au Tchad, on n’a jamais connu un incident d’une telle ampleur, d’une telle gravité. Et dont le principal responsable est l’État parce que ce sont des troupes de la présidence qui sont allées au domicile d’un candidat pour tenter de l’assassiner. Ça, c’est vraiment plus fort que tout.»

Face à ce climat, l’opposant a donc décidé de se retirer de la course. «Ce n’est plus une élection, c’est devenu une sorte de far west où on tire pour éliminer avant même d’aller en campagne. Que va-t-il se passer pendant la campagne et après la campagne ? Nous avons estimé qu’on ne pouvait pas continuer dans ces conditions-là et nous nous sommes retirés.»

Mémorandum

Saleh Kebzabo estime que cette affaire est par ailleurs le «signe patent» que le pays va à «une fausse élection». Mais d’autres éléments laissaient déjà présager d’une présidentielle aux allures de «mascarade», selon lui.

«Nous avons publié un mémorandum, environ douze points sur lesquels il fallait que la Céni organise une réunion avec les candidats pour s’engager effectivement à lever toutes les embûches pour qu’on aille à des élections transparentes et apaisées. A ce jour, nous n’avons reçu aucune réaction. Aucun écho ni de la Céni, ni du gouvernement, ni de la Cour suprême. Ça veut dire que tous ces gens se sont ligués contre la République pour tordre le cou à la démocratie. Donc, tout ça, c’est de la mascarade. Nous les laissons continuer, ils n’ont qu’à faire ce qu’ils veulent. Pour le reste, que Dieu sauve le Tchad.».

 

 

Source : rfi.fr