Au Sénégal, une centaine de journalistes ont marché hier (vendredi) à Dakar pour réclamer la libération de leur confrère Pape Alé Niang. Le patron du média en ligne « Dakar Matin » a été arrêté le 6 novembre puis incarcéré, notamment pour « diffusion d’informations militaires » et « diffusion de fausses nouvelles ». Selon ses avocats, la justice lui reproche par exemple la publication de documents sur le dispositif sécuritaire avant l’audition de l’opposant Ousmane Sonko au début du mois, ou encore des propos visant le haut commandant de la gendarmerie nationale. Les manifestants ont dénoncé une menace pour la liberté de la presse.
«Pape Alé, c’est toi, c’est moi, c’est nous tous !», lit-on sur les pancartes.
Moustapha Cissé est membre du syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal exprime son inquiétude : «Je ne sais pas si c’est de l’intimidation, si c’est pour décourager les autres, mais c’est très inquiétant. C’est un présage de mauvais augure».
Pape Alé Niang est connu pour ses publications critiques envers le pouvoir. Oumy Ndour se souvient d’un précédent : l’incarcération du journaliste Madiambal Diagne, directeur du journalLe Quotidien, en 2004 : «Il y a 18 as, pour Madiambal Diagne, on était jeunes journalistes et on est sorti tous manifester. Et Pape Alé était à la tête de cette manifestation. Maintenant que certains le classent dans une certaine politique ou pas, aujourd’hui ce n’est pas l’objet de la manifestation. Pape Alé Niang doit être libéré».
Des responsables d’organisations de défense des droits de l’homme –comme Amnesty Sénégal – se sont joints au cortège, ou de simples citoyens, comme Daouda Ndiaye, artiste. pour lui, « cela dépasse la personne de Pape Alé Niang, cela dépasse même la presse. Parce que ne serait-ce que dans l’expression des libertés individuelles, nous avons constaté beaucoup d’écarts depuis quelques années».
C’est une question de principe : tout professionnel des médias qui se trouve dans une situation de privation de sa liberté doit être soutenu. C’est ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui. Un pays démocratique, un pays qui a consacré la liberté de la presse et la liberté d’expression depuis fort longtemps… mais vous voyez bien, c’est un combat sans fin, parce que les tentatives de remise en cause sont toujours là. Comme on dit, le monstre est toujours là, il faut le combattre et il faut même le battre (…) Je n’ai pas le sentiment là que c’est une affaire politique. C’est parti de quoi ? C’est parti de documents qui ont été publiés. Si on parle du message radio, ce message tous les journalistes l’ont reçu et l’ont traité. Et je crois que ce que Pape Alé Niang a fait ne mérite pas la sanction qui est la punition qui est en train de lui est infligée.
RFI