Il est des talents qui ne meurent jamais. Même sans toit. Ils survivront. 47 ans après, l’État guinéen, à travers le patrimoine bâti public, décide de récupérer la maison qu’occupe le très célèbre guitariste Sékou Bembeya Diabaté [surnommé Diamond Fingers], sise à la Camayenne, dans la commune de Dixinn, non loin de la Paillote depuis 1975 Ce membre fondateur du Groupe Bembeya jazz national et international, auteur-compositeur, arrangeur, guitariste, chanteur et chef d’orchestre aujourd’hui, nous a accordé une interview ce vendredi 16 décembre. À noter mesure concerne plusieurs quartiers des 5 communes de Conakry et les villes de l’intérieur du pays.
Mediaguinee: Dites-nous comment avez-vous été informé de cette décision de récupération de la maison que vous occupez depuis plusieurs décennies ?
Sékou Bembeya Diabaté: Il y a 2 jours de cela ils sont venus mettre la croix. C’est quelqu’un même qui m’a informé qu’ils ont mis une croix sur la clôture. Au début, j’ai pensé que c’est juste pour agrandir la route et plus tard j’ai appris qu’ils nous ont donné un préavis de libérer les maisons dans 10 jours. On n’a reçu ni papier et ni échangé directement avec eux.
Mediaguinee: Comment avez vous obtenu cette maison ?
Sékou Bembeya Diabaté: Après 2 apparitions à Beyla qui ont connu des succès fulgurants, cela qui nous a permis d’être nationalisés et affectés à Conakry comme orchestre national. Et depuis là, nous sommes devenus des fonctionnaires. Et c’est à cette époque qu’on nous a donné ce bâtiment là, avec le patrimoine bâti public, en 1975, sous le régime de feu Ahmed Sékou Touré. Il y a un contrat et à la fin de chaque mois nous payons à la fin de chaque mois la location ».
Mediaguinee: Est-ce que depuis 1975, cette maison a fait l’objet de rénovation ?
Sékou Bembeya Diabaté: Oui, j’ai rénové la toiture. J’ai marché derrière le patrimoine bâti pendant 5 longues années pour qu’on puisse renouveler la toiture et c’est grâce à quelqu’un dont je vais taire le nom. C’est ce dernier qui m’a aidé à renouveler le toit, à plus de 50 millions de francs guinéens. Et jusqu’à présent, il ne m’a pas remboursé cet argent. Tous les documents sont là-bas.
Mediaguinee: Qu’avez-vous décidé de faire maintenant ?
Sékou Bembeya Diabaté: Nous demandons au président d’avoir pitié de nous, on est déjà malheureux mais il ne faut pas qu’on nous rende misérables. Tout ce que je peux demander c’est d’avoir pitié de nous, par rapport à ceux que nous avons fait pour la Guinée. Parce qu’on va nous faire sortir et faire rentrer un autre Guinéen mais celui qui va rentrer est-ce qu’il va faire ce que j’ai fait pour la Guinée et ce que les autres ont fait pour la Guinée. Je n’ai pas où aller à l’heure là, sinon j’allais partir sans problème et la majeure partie d’entre nous sont dans la même situation que moi. Je n’ai pas de maison à Conakry. La maison que j’ai c’est dans mon village, c’est là-bas j’ai construit ».
Avec Mediaguinee