Peut-être que la transition guinéenne bat déjà tous les records en matière de succession d’évènements, ayant le mérite de détourner l’attention d’une opinion nationale trop souvent naïve. Des évènements qui ont certainement permis au CNRD de continuer à dérouler son agenda. Si ce n’est d’ailleurs l’objectif visé. Sauf qu’il y a d’autres acteurs, qui ne sont pas aux commandes du pays, mais qui font cependant autant, débordant du politiquement incorrect.
Le déplacement du RPG au siège de l’UFDG, ou la réception de l’ancien parti au pouvoir par son désormais ancien rival, s’inscrivant dans cet ordre, nourrit les discussions et déchaine les passions.
Avoir les deux plus grandes formations politiques du pays, qui ont toujours fait appel au service d’un facilitateur en vue de rapprocher les positions, et, qui se sont constamment et mutuellement accusés de crimes graves et de destructions de biens, cette fois, complémentaires autour de la table, n’était plus de l’ordre du possible dans la conscience populaire.
Cependant les responsables de ces partis ne manquent pas d’arguments pour justifier leur démarche insidieuse.
Ils la mettent au compte du dynamisme dans la politique au gré des intérêts. C’est à se demander quel intérêt, le RPG a, à préférer cette stratégie s’il n’aura pas le soutien de son allié de circonstance pour obtenir la libération de son champion, Alpha Condé ainsi que les autres cadres qui sont dans les griffes du CNRD.
En tout cas, ce n’est pas le rabotage du chronogramme, tel que réclamé par le G58 dans sa déclaration en date du mercredi 11 mai, qui fera les affaires du navire jaune dans les situations actuelles de décapitation de ses cadres les plus illustres, dont certains en prison et d’autres menacés par des procédures de crime économique et de crime de sang. C’en est autant pour l’UFDG qui a accusé son nouveau compagnon d’infortune d’élimination de ses militants et cadres.
C’est tout comme, tant pis pour les militants qui ont été victimes de l’adversité vile qu’il y a eu entre les deux partis pendant plus d’une décennie et qui a été alimentée par des discours belliqueux au relent ethnique de la part de certains de leurs responsables respectifs.
Présupposer donc que cette alliance ou cette entente de circonstance entre deux anciens rivaux rendus vulnérables par la gouvernance des militaires peut contribuer à renforcer le front contre le CNRD, semble fort hasardeux. C’est un mauvais alibi qui risque de porter préjudice à une stratégie qui n’obéit qu’à la croyance des chiffres électoraux non actualisés.
Par ailleurs, la junte qui pare au plus pressé file la patate chaude au CNT pour l’adoption du chronogramme de la discorde.
La durée est désormais de 36 mois au lieu de 39 mois précédemment. Elle a été adoptée sous forme de résolution, une démarche qui divise les légalistes ce qui met au centre des polémiques l’organe législatif.
En effet, le CNRD pourrait, à défaut de courber l’échine devant les forces politiques et sociales qui titubent, se buter contre une coalition de frustrés victimes de ses nombreux chantiers ouverts partout dans le pays.
Et c’est sans compter sur la menace de sanctions qu’agite en permanence la CEDEAO.
Mognouma Cissé