Contre toute attente, l’opposition hostile à la junte au pouvoir a suspendu son appel à manifester. Cela fait suite aux négociations à l’initiative des religieux sous l’égide du grand imam de Conakry.

Dans les rangs de cette opposition, les langues se délient. Des frictions sur fond de suspicions et de positionnement politique risquent d’avoir raison de l’apparente union dont les opposants au pouvoir militaire ont fait montre jusque-là.

Que s’est-il passé ?

En réalité, nous informe une source, les négociations ont débuté depuis la sortie de l’ancien Président, qui, faut-il le rappeler, a dévoilé son avidité à chasser les militaires du pouvoir.

Des tractations ont alors commencé, depuis cette date, dans le but de couper le pont entre Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo, deux forces redoutables pour la junte militaire au pouvoir à Conakry.

Nos sources sont formelles en soutenant sans ambiguïté que le médiateur de la CEDEAO dans la crise guinéenne, s’est mis au service de cette cause. Yayi Boni aurait fait des pieds et des mains pour amener Cellou à se détourner de la position du RPG. Il aurait, à cet effet, rassuré le Président de l’UFDG de la levée du contrôle judiciaire contre ses responsables à Conakry, ainsi que le classement sans suite de son dossier pendant par devant la CRIEF.

La dernière sortie de Cellou, qui a réagi avec véhémence aux différents propos d’Alpha Condé, et qui a laissé ruminer sa colère contre celui-ci pour ce qu’il aurait subi sous son règne, n’est pas sans lien avec les tractations annoncées ci-haut.

On apprend que Cellou a bien été soutenu dans sa position par le Président de l’UFR, qui se désolidarise de celle du RPG, l’allié de circonstance, qui a exigé la libération de ses cadres détenus pour des faits présumés de corruption. Cela n’est pas une surprise connaissant le désamour entre Sidya, Kassory Fofana et le patron de celui-ci, Alpha Condé.

On nous apprend, que Sidya Touré, sans barguigner, aurait toujours fait savoir qu’il défend la cause des acteurs de la société civile en prison et celle des politiques sous contrôle judiciaire. Pas plus!

Le Président Alpha Condé qui semblait prendre le leadership de la contestation est désormais mis à l’écart. Ses nouveaux collaborateurs, leaders de partis politiques, de toute vraisemblance, s’encombrent de sa collaboration. Ils laissent aussi transparaitre leur volonté à ne pas aller en confrontation contre le CNRD auquel ils disent solliciter uniquement l’ouverture d’un dialogue inclusif et l’arrêt des menaces judiciaires contre eux.

En clair, le répit profite au pouvoir qui a réussi à faire divorcer, sans coup férir, le redoutable Alpha Condé d’avec les autres leaders, tout aussi redoutables.

Reste à savoir ce que réussira l’ancien opposant historique en faisant cavalier seul ?

La question vaut tout son pesant d’or, car avec les moyens dont il dispose et son carnet relationnel qui se bonifie de chefs d’Etats, emmitouflés dans un cynisme politique dont il est capable contre son tombeur, on peut bien s’impatienter de la suite.

 

Mognouma Cissé